Cet exercice a mis en évidence trois groupements de technologies : celles qui présentent des avantages clairs au delà de la capacité de réduire les émissions de CO2, celles avec quelques impacts négatifs mais qui demeurent globalement positives et celles dont les impacts négatifs sont clairement supérieurs aux avantages. Au regard des résultats obtenus, le WWF est convaincue qu'il est possible de répondre aux besoins grandissants de l'humanité avec des technologies d'économie d'énergie et des sources véritablement écologiques.
Selon le scénario du WWF, d'ici 2050, les sources d'énergies renouvelables et les technologies actuellement connues seront suffisamment maîtrisées pour assurer les besoins grandissants en énergie tout en maintenant la concentration atmosphérique du CO2 à 400 ppm et ainsi limiter le réchauffement à 2°C par rapport au climat actuel. D'après le scénario, les technologies d'efficacité énergétique pourraient permettre une économie de 40% de la production énergétique, les énergies renouvelables pourraient contribuer à hauteur de 43% aux besoins et les énergies fossiles représenteraient les 17% restant à condition que le CO2 soit capté et neutralisé.
Cependant, pour que ce modèle devienne réalité, le WWF estime qu'une profonde réforme du système énergétique mondial est indispensable. Selon l'organisation, les politiques économiques et les mesures requises pour conduire cette transition ne sont pas encore en place. Vu les contraintes liées à la vitesse de la transition industrielle prises en compte dans son modèle, le WWF estime qu'il faut passer à l'action des maintenant. Même d'ici cinq ans, il sera trop tard pour lancer une transition soutenable qui pourrait éviter une infraction au seuil de 2°C conseillé pour éviter un bouleversement climatique dangereux, explique l'organisation.
Dans son étude, le WWF propose six solutions assorties de trois conditions essentielles à la réussite de son modèle. Il s'agit premièrement de donner la priorité à l'efficacité énergétique pour rendre davantage de services tout en stabilisant la consommation mondiale d'énergie dès 2015. Il sera également nécessaire de stopper la déforestation en particulier dans les régions tropicales. Si cette condition n'est pas respectée, la probabilité de réussite de ce modèle risquerait d'être réduite à 35%.
Le WWF propose en outre de développer en parallèle la gamme complète des énergies à faible émission de carbone comme les énergies éolienne, hydraulique, solaire photovoltaïque et thermique et les bioénergies. D'ici 2050, ces technologies pourraient satisfaire 70% de la demande restante après le développement de l'efficacité énergétique, évitant le rejet de 10,2 millions de tonnes de carbone chaque année.
Le WWF estime qu'il faudra par ailleurs privilégier de manière transitoire le gaz naturel plutôt que le pétrole et le charbon et empêcher la construction de nouvelles centrales à charbon si elles ne neutralisent pas leurs émissions. La capture et le stockage du CO2 est d'ailleurs plébiscité par l'organisation qui demande que les centrales en soient équipées dès que possible.
La mise en place de ce modèle énergétique doit est accompagné selon le WWF d'un caractère d'urgence : le retarder rendra la transition à une économie à faible teneur en carbone de plus en plus chère et difficile, avec des risques d'échec beaucoup plus grands. De plus, l'effort devra être global car chaque pays a un rôle à jouer en fonction des défis qu'il devra relever sur son territoire. Enfin, l'action devra être menée en premier lieu par les gouvernements pour fixer des objectifs, collaborer sur des stratégies efficaces, et influencer l'investissement de milliards de dollars qui, quoi qu'il arrive, seront dépensés dans le développement du système énergétique dans les prochaines décennies.
Cette feuille de route est ambitieuse, mais c'est la seule qui nous garantisse un avenir sûr et durable. Puisque les cinq prochaines années sont déterminantes selon notre étude, nous attendons du Président de la République française et de notre gouvernement une réelle prise en compte de nos orientations, a précisé Serge Orru, Directeur Général du WWF-France.