Constructeurs, équipementiers, électriciens, installateurs… Tous se sont mobilisés à l'appel d'Eric Besson, ministre en charge de l'industrie, qui organisait ce mardi 6 septembre une table-ronde sur le véhicule électrique et hybride. Cette manifestation a permis de faire un point sur l'avancée des programmes des constructeurs français ainsi que de rappeler les moyens employés par le Gouvernement depuis quatre ans pour faire émerger des offres de véhicules décarbonés compétitives.
Retour sur les actions gouvernementales
Pendant cette table-ronde, Eric Besson a ainsi rappelé que les 14 actions définies dans le plan véhicules décarbonés (1) avaient été toutes mises en œuvre, notamment les Investissements d'Avenir. Sur les 750 millions d'euros réservés au « véhicule du futur », 500 millions ont déjà donné lieu à des appels à manifestation d'intérêt (AMI). Publié en juillet 2011, un des plus importants, doté d'un budget de 240 millions d'euros, a pour objectif de soutenir des innovations technologiques qui amélioreraient l'efficacité énergétique des véhicules, tout en réduisant les niveaux de rejets de polluants et de bruits.
Une charte pour les véhicules électriques
Mise en place à l'initiative du Ministère en charge de l'industrie, une charte des industriels en faveur du véhicule électrique et hybride a été signée par l'ensemble des acteurs présents à cette table ronde. Elle doit témoigner de la volonté des industriels de proposer aux consommateurs des véhicules décarbonés et services associés présentant un haut niveau de performance, qualité et sécurité. Parmi les engagements les plus forts, les industriels se sont engagés à proposer des offres de véhicules attractives pour les particuliers, promouvoir ces véhicules auprès des acquéreurs de flottes et des collectivités, assurer le plus haut niveau de sécurité, faciliter la recharge et également optimiser l'impact environnemental.
Par ailleurs, pour favoriser l'émergence de la filière, une des principales actions mises en place est le bonus automobile. Représentant un effort cumulé de 2,3 milliards d'euros, ce bonus a soutenu, depuis 2008, l'acquisition de 3,9 millions de nouveaux véhicules peu polluants par les consommateurs français. Par ailleurs, ce bonus qui devait normalement être recalculé en 2012 pourrait rester en l'état pour ce secteur. "Le bonus-malus dont le principe est naturellement préservé, sera être ajusté par le gouvernement pour garantir l'équilibre budgétaire du dispositif en 2012. Ces ajustements sont nécessaires, avec une approche pour laquelle je plaide : ne pas modifier les aides aux véhicules électriques et hybrides. J'ai le sentiment d'être raisonnablement entendu," a souligné Eric Besson. Une démarche obligatoire selon lui pour soutenir la filière car le marché de l'hybride et de l'électrique reste timide avec seulement 6.011 voitures hybrides et 955 électriques immatriculées sur les six premiers mois de l'année.
Le calendrier des constructeurs français
Cette table-ronde a également permis aux constructeurs de présenter leur calendrier de commercialisation de leurs véhicules électriques. Parmi ces derniers, PSA a déjà lancé les Citroën C-Zéro et le Berlingo électrique avec Venturi, tandis que la fabrication de la pré-série de l'hybride diesel 3008 démarre actuellement à Sochaux.
Renault-Nissan, qui a investi près de 4 milliards d'euros dans la technologie électrique, va sortir ces prochains mois plusieurs modèles. Proposée à un prix de 15.000 euros (incitation comprise), la Kangoo ZE, fabriquée à Maubeuge, sera ainsi disponible en octobre 2011. Deux autres modèles, la Fluence ZE et Twizy, devraient, quant à elles, être mises sur le marché respectivement en novembre et en décembre 2011. Afin de garantir des tarifs attractifs et d'être compétitif avec le prix des voitures thermiques, Renault a choisi le système de location de batterie qui sera proposée à un prix d'environ 70 euros HT. En outre, dès la fin du mois, Renault a précisé que la totalité de son réseau primaire sera équipée en bornes de recharges normales et accélérées.
Pour le constructeur Mia Electric qui a reçu du gouvernement un prêt vert de 8 millions d'euros, la production a démarré en juin afin de livrer les premières flottes aux collectivités locales pour leurs nouveaux services de voitures en libre-service, notamment à La Rochelle et à Nice. Enfin, Bolloré livre actuellement la Blue Car qui arrivera massivement à Paris avec Auto Lib'. Un service disponible début décembre 2011.
Des freins persistants
Même si le marché du véhicule décarboné est estimé à 4,5 millions de véhicules par an à l'horizon 2025, plusieurs freins (2) existent. Le premier reste le prix des véhicules, notamment pour les particuliers. Jusqu'en mai 2012, les futurs acquéreurs pourront bénéficier du maintien du bonus comme l'a promis le Ministre de l'Industrie. Mais, après les élections législatives et présidentielles, quel sera le devenir de cette aide sur laquelle s'appuie les constructeurs pour vendre leurs voitures ? La technologie de recharge des batteries (3) et également le calendrier de mise en place de ces dispositifs, prévu en 2015, restent des sujets à préciser. Pourtant, les industriels du secteur restent confiants, notamment Carlos Ghosn, Président du groupe Renault, qui estime que “le véhicule électrique peut représenter 10 % du marché automobile annuel à l'horizon 2020".