L'unité de méthanisation traite ainsi 1.800 m3 de lisier et de fumier de l'exploitation, de l'ensilage de maïs provenant de 4 ha de jachère industrielle, des déchets de céréales (100 tonnes) et des tontes de pelouse provenant des collectivités avoisinantes (400 à 500 tonnes). L'installation est de type continu avec plusieurs digesteurs. Les effluents d'élevage sont mélangés aux autres substrats puis pompés vers un premier digesteur de 100 m3 équipé de pales permettant de remettre en suspension les matières solides et d'homogénéiser le mélange, et d'un système de chauffage maintenant la température à 40°C. Les déchets restent en moyenne 25 jours dans le premier digesteur où la majeure partie du biogaz est produite, avant d'être transférés vers le second : une fosse béton de 700 m3 équipée d'un système de chauffage au sol et sur les murs (40°C également). Les résidus obtenus à l'issue du processus de méthanisation sont stockés puis épandus sur les terres de la ferme (120 ha).
L'installation peut produire environ 330.000 m3 de biogaz par an. Valorisé dans le groupe électrogène, il permet de produire 605.000 kWh électriques par an et 1.007.000 kWh thermiques par an en alimentant un cogénérateur de 77 kW électrique et 130 kW thermique. L'électricité produite est entièrement vendue à EDF au tarif de 11 centimes le kilowattheure et la chaleur sert à chauffer les digesteurs, à mettre hors gel la salle de traite, à produire de l'eau chaude sanitaire pour le bâtiment d'élevage (300L) et à alimenter un réseau de chaleur sur lequel 3 maisons voisines sont actuellement branchées. En été, d'autres débouchés doivent être trouvés : chauffage de piscines ou de serres par exemple.
Au total, le GAEC a investi 600.000 € pour adapter le logement des animaux, mettre l'exploitation aux normes et installer l'unité de méthanisation. Le projet a été subventionné à hauteur de 300.000 € par l'ADEME, le conseil régional et le conseil général mais aussi des fonds privés. L'installation procure un revenu annuel estimé à 80.000 € et les charges annuelles s'élèvent à 39.000 €. Le temps de retour sur investissement est donc évalué à 4 ans pour la partie méthanisation et à 8,1 ans en incluant l'investissement pour la mise aux normes.
Sur les plans agronomique et environnemental, les intérêts sont immédiats : réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau du stockage des effluents, production d'électricité renouvelable, disparition des nuisances olfactives et réduction de la consommation d'engrais chimiques pour la fertilisation des sols par une meilleure valorisation de l'azote contenu dans les effluents d'élevage.
Pourtant la méthanisation à la ferme est encore peu développée en France où seules quatre installations fonctionnent contre 4.000 en Allemagne ! Pour promouvoir la biométhanisation en tant que source d'énergie renouvelable décentralisée, l'Europe a d'ailleurs lancé l'initiative BIOPROFARM dans le cadre du Programme européen EIE (Énergies Intelligentes pour l'Europe). Cette initiative fait intervenir quatre États membres : la Belgique, le Luxembourg, la Hongrie et la France. Il prévoit notamment l'étude des barrières au développement de la méthanisation agricole dans ces pays. Il s'agit aussi de mettre en place des outils d'information et de vulgarisation sur la méthanisation, son intérêt pour l'agriculture et l'environnement et les avantages économiques qu'elle peut apporter à une exploitation. L'association EDEN est responsable du projet en France.