Les options d'aménagement du triangle de Gonesse (Val-d'Oise) annoncées par le Premier ministre le 7 mai suscitent des réactions partagées. À l'occasion de la présentation d'un plan dédié au département du Val-d'Oise, Jean Castex a présenté les options retenues après l'abandon, acté en novembre 2019, du méga-projet Europacity prévu sur cette zone. Une zone, située à proximité de l'aéroport de Roissy, dont l'aménagement fait l'objet de nombreuses oppositions et contentieux.
La création de la gare confirmée
Le chef du Gouvernement a confirmé la réalisation de la nouvelle ligne 17 du Grand Paris Express avec la création d'une gare dans le triangle de Gonesse. « Cette infrastructure permettra de renforcer l'attractivité du pôle aéroportuaire et du Grand Roissy et d'améliorer l'accessibilité des habitants de l'est du Val-d'Oise à Paris et à l'ensemble de l'Ile-de-France », a expliqué Jean Castex. La liaison ferroviaire de 26,5 km doit relier Saint-Denis Pleyel (Seine-Saint-Denis) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) d'ici 2030, avec une desserte du triangle de Gonesse dès 2027. Les travaux de la première tranche sont en cours.
« Parce que le territoire avait jusqu'ici une vocation agricole, et que les terres de la plaine de France ont fait l'histoire de ce département, nous avons d'ores et déjà classé la partie nord du triangle de Gonesse en zone agricole protégée sanctuarisée », a également déclaré le chef du Gouvernement, qui tient à préciser que cette décision est irrévocable.
Outre cette partie nord laissée à l'agriculture et la partie sud de 70 hectares dédiée notamment au projet Agoralim, Jean Castex dédie la zone centrale, d'une superficie de 110 hectares, à l'implantation d'une cité scolaire internationale et d'une administration de l'État qui reste à préciser. La cité scolaire formera notamment aux métiers de « l'alimentation et de l'agriculture biologique, en lien avec une exploitation agricole en son sein », précise Matignon.
« Destruction de dizaines d'hectares de terres agricoles »
Ces annonces réjouissent les collectivités territoriales concernées. « La gare de la ligne 17, l'extension de Rungis autour de la production locale, la cité internationale, les lignes de bus, l'interconnexion de la ligne H à Saint-Denis-Pleyel avec le Grand Paris Express sont autant de marqueurs pour notre territoire », se félicite Marie-Christine Caveccchi, présidente LR du conseil départemental.
La région Ile-de-France, dirigée par Valérie Pécresse (Soyons libres), salue également les décisions prises, même si elle pointe encore l'insuffisance du soutien de l'État à certains projets structurants en matière de transport. Elle se félicite en particulier de la confirmation de la ligne 17 qui, à ses yeux, a aussi « une dimension écologique ». « Dédoublant une large portion du RER B entre Roissy et Saint-Denis, elle offrira une vraie alternative à la voiture, notamment depuis l'A1 », estime la collectivité.
Les réactions sont tout autres du côté des associations qui se sont constituées en collectif pour défendre l'agriculture sur les terres de Gonesse. Avec la création d'une annexe au marché de Rungis, elles dénoncent une décision d'une « grande absurdité ». « Une telle infrastructure, conçue au nom de l'écologie, aboutirait à la destruction de dizaines d'hectares de terres agricoles fertiles et entraînerait la saturation par les camions de l'autoroute A1, déjà la plus encombrée d'Europe », réagit le Collectif pour le triangle de Gonesse. Ce dernier soutient le projet alternatif Carma d'approvisionnement de l'Ile-de-France en produits bio et locaux.
Pour le collectif, l'annonce de Jean Castex « ne sert qu'à justifier la construction du métro du Grand Paris Express qui, depuis l'abandon d'Europacity, se cherche désespérément une utilité ».