En 2021, 1,6 million de mètres carrés de toitures ou de terrasses ont été végétalisés. Selon les chiffres du premier observatoire du marché de la végétalisation du bâti (1) , publié le 17 avril, cela correspond à une augmentation de 16 % en cinq ans, autrement dit depuis la promulgation de la loi Biodiversité qui a ouvert la voie à davantage d'espaces de continuités écologiques. « La tendance est donc clairement positive, mais beaucoup reste à faire, notamment lorsque l'on compare le marché français à celui de nos voisins outre-Rhin, environ cinq fois plus important », souligne l'Association des toitures et façades végétales (Adivet), à l'origine de ce rapport avec le bureau d'études BatiEtude.
La végétalisation gagne du terrain
Si la majorité des projets émanaient auparavant des collectivités, les deux tiers de la commande de projets de végétalisation passe désormais par l'immobilier privé ou le tertiaire. Cela étant, la place de la végétalisation dans la commande publique pourrait regagner prochainement du terrain dans le cadre des stratégies locales d'adaptation au changement climatique. D'après l'Adivet, « une mairie sur cinq (18 %) interrogée » a déjà développé une telle stratégie (dont 27 % sont des villes de plus de 50 000 habitants) et quasiment « une commune sur dix (8 %) rend déjà obligatoire la végétalisation des toits à travers son plan local d'urbanisme ». Du reste, une stratégie serait en cours d'élaboration dans 62 % des autres municipalités répondantes.
La végétalisation francilienne rime avec biodiversité
Le rapport de l'Adivet évoque également le résultat d'une étude de l'Agence régionale de la biodiversité d'Île-de-France parue en 2021, caractérisant les bénéfices écologiques de la végétalisation urbaine. Sur un échantillon de 36 toitures d'Île-de-France, 70 % des espèces floristiques recensées n'y avaient pas été plantées initialement et avaient donc conquis l'espace grâce à la végétalisation. En outre, 611 espèces d'invertébrés, principalement des arthropodes et des gastéropodes, y avaient été observées au total.
« Les principaux freins évoqués par les répondants concernent la pérennité du système installé (concernant le développement du projet et son entretien a posteriori), un rapport coût-bénéfice défavorable et des difficultés liées au projet et à sa mise en œuvre », retient l'association des acteurs de la filière de son sondage. Parmi les leviers préconisés, l'Adivet milite pour une réglementation plus contraignante, l'accentuation de la formation en matière de végétalisation mais également l'intégration de nouvelles approches comme les toitures biosolaires.
En mars dernier, elle avait été par exemple à l'initiative d'un nouveau référentiel d'évaluation de performance écosystémique. Intitulé « Green Roof Score (2) », cette grille se voue à établir la qualité écologique d'un projet de végétalisation (d'au moins 50 mètres carrés avec 30 % de végétalisation minimum) en fonction de quatre bénéfices : la lutte contre le phénomène d'îlot de chaleur urbain (avec un rafraîchissement de l'air ambiant situé entre -3 °C à -5 °C), l'accueil de la biodiversité (3) , l'absorption des eaux pluviales et l'apport psychologique de bien-être chez les habitants. Cette grille d'évaluation est mise à la disposition des organismes de certification et de labellisation mais également des maîtres d'ouvrage pour la réalisation de leurs projets.