À la fin des années 1970, la France produisait encore plus de 80 TWh de gaz naturel, essentiellement en provenance du bassin de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Mais peu à peu, la production chute et les importations augmentent, notamment en provenance des pays européens, à commencer par les Pays-Bas, qui découvrent un site à la fin des années 1960 dont le gisement est dix fois supérieur.
Après un arrêt quasi total de sa production de gaz, la France connaît un rebond depuis 2013 avec la naissance d'une nouvelle filière en devenir : le biogaz. Déchets alimentaires, boues de stations d'épuration, déjections animales des élevages, la ressource est très importante et renouvelable. Des installations de méthanisation sont alors créées dans le secteur de l'agro-industrie, de l'assainissement ou encore du traitement des ordures ménagères. En premier lieu, il s'agit surtout d'utiliser ce gaz pour optimiser des procédés industriels grâce à la cogénération pour produire de la chaleur et de l'électricité. Mais peu à peu, il est question d'épurer le biogaz pour produire du biométhane.
Ce dernier peut alors être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel, qui possède les mêmes propriétés. Aujourd'hui, l'injection de biométhane dans le réseau représente 3 % du gaz distribué en France, via environ 380 installations. Ça paraît peu, mais cette « jeune » filière a fait ses preuves et son développement devrait doubler chaque année. D'autant plus poussée par les tensions actuelles alors que la France importe 17 % de son gaz de Russie.
Les stations d'épuration font leur part
La Métropole Aix-Marseille-Provence a investi 9 millions d'euros dans une unité de production et d'injection de biométhane mise en service en 2019. Elle produit 27 GWh thermiques par an grâce aux boues de la station d'épuration Géolide qui récupère les eaux usées de 17 communes, soit 1,8 million d'habitants. L'usage du gaz pour son propre procédé industriel et la revente de la part injectée dans le réseau de distribution permettent un amortissement en à peine dix ans. Voir le reportage vidéo.
D'autres perspectives intéressantes pourraient très prochainement se développer, comme la pyrogazéification qui est une production de biométhane à partir de biomasse non alimentaire et de déchets non recyclables. Aussi, des solutions de power-to-gaz permettraient, à terme, selon une étude menée par l'Ademe en 2018, d'atteindre l'autonomie en gaz sur le territoire français d'ici à 2050.