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Le PNUE appelle au progrès et aux innovations pour réduire les risques environnementaux de la mondialisation

Dans son Annuaire sur l'Avenir de l'environnement mondial, le PNUE rappelle que la mondialisation présente des risques sociaux et environnementaux importants qu'il faut dès maintenant considérer et propose une série de mesures en ce sens.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
La mondialisation par ses nombreuses dimensions économiques, culturelles, environnementales, technologiques et politiques, est largement considérée comme une des caractéristiques définissant la société actuelle. Depuis 2002 et le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg (SMDD) ces avantages ont été reconnus comme la croissance du commerce, les investissements, les flux de capitaux et des technologies, mais également les graves problèmes qui en découlaient : crises financières, insécurité, pauvreté et exclusion économique et sociale ainsi que la dégradation continue des écosystèmes… L'Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire, fruit d'un travail collectif mené par plus d'un millier de scientifiques du monde entier et publié en 2005, a conclu qu'au cours de ces cinquante dernières années l'homme a modifié les écosystèmes plus rapidement et plus profondément que jamais. Les changements apportés aux écosystèmes ont certes procuré des avantages important pour le bien-être de l'Homme mais ont donné lieu à des effets pervers croissants notamment la dégradation de nombreux services fournis par ces écosystèmes.
Convaincu qu'il est de plus en plus urgent d'approfondir la compréhension des impacts de la mondialisation, le PNUE a dédié son Annuaire sur l'Avenir de l'environnement mondial 2007 à ce sujet. Oeuvre de plus de 80 scientifiques et experts, cet Annuaire sert de base aux délibérations des ministres de l'environnement réunis à l'occasion de la 24e Session du Conseil d'administration du PNUE et du Forum ministériel mondial sur l'environnement qui se tiennent cette semaine à Nairobi au Kenya. Pour Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, la mondialisation est une des questions primordiales de notre temps. Le degré de richesse générée est sans précédent et permet à des millions de personnes de sortir de la pauvreté mais un grand point d'interrogation plane au-dessus de l'avenir de la mondialisation et sa viabilité pour les générations actuelles et à venir. L'Annuaire du PNUE fait donc le point sur les différentes options qui une fois vulgarisées et adoptées, seraient capables de mener la mondialisation sur une voie plus intelligente, plus écologique, plus économiquement avisée et plus durable.

Ainsi, l'étude rappelle dans un premier temps que l'avenir des réserves halieutiques du monde est un des grands défis auxquels les gouvernements doivent faire face. Les scientifiques estiment en effet qu'à moins que de nouvelles mesures de gestion ne soient adoptées, la demande croissante de fruits de mer et d'autres produits marins provoquera l'épuisement des réserves d'ici 2050. Pour contrer cet épuisement, le PNUE est convaincu qu'il faut augmenter de manière significative le nombre d'aires marines protégées. Selon les experts, dans ces aires qui ne concernent aujourd'hui que 0,6% des océans du monde, le nombre d'espèces halieutiques croît d'un cinquième. Les gouvernements se sont certes déjà engagés dans la création d'un réseau d'aires marines protégées suite au Sommet mondial sur le développement durable de 2002 mais selon le PNUE, le rythme actuel n'est pas assez soutenu.
Le rapport souligne également les menaces qui pèsent sur la foresterie et l'importance de la certification. Près de 10,5 millions d'hectares, soit 3% des forêts de production naturelle des pays membres de l'Organisation internationale des bois tropicaux font aujourd'hui partie de projets de certification. Le PNUE demande que ces projets soient élargis à d'autres ressources naturelles et complétés par des politiques d'approvisionnement plus éco-responsables. L'Annuaire prône ainsi l'introduction par les gouvernements de normes environnementales tout au long de la chaîne logistique.

Par ailleurs, le PNUE reconnaît que les institutions financières font de plus en plus attention à leurs responsabilités écologiques. L'Annuaire cite en exemple le cas de la production de soja au Brésil. La Société financière internationale (IFC) a récemment octroyé un prêt de 30 millions de dollars à la société Grupo Andre Maggi qui finance 500 producteurs de soja, à condition qu'ils mettent en place de meilleures normes environnementales, agricoles et sociales. Par conséquent, le rapport rappelle que les entreprises responsables et le consommateur avisé ont un rôle de premier ordre à jouer pour mener à bien la mondialisation. Si l'élévation des niveaux de vie et l'inefficacité des méthodes de production et de consommation amplifient les pressions exercées sur les ressources naturelles, la mondialisation pourrait se transformer en une débâcle spectaculaire plutôt qu'en outil de libération, prévient Achim Steiner.

En outre, le PNUE propose de financer la conservation des écosystèmes. Selon lui, payer les services fournis par ces écosystèmes valoriserait davantage leurs bénéfices économiques et compenserait les communautés et les pays responsables de leur conservation. L'Annuaire 2007 cite en exemple le cas du Canal de Panama qui relie l'Atlantique et le Pacifique et sur lequel près de 279 millions de tonnes de biens sont transportés. Le Canal nécessite d'être alimenté en eau pour surélever les navires mais ces dernières décennies, le système a connu de nombreux problèmes dus à la déforestation à proximité et particulièrement une pénurie d'eau en certaines saisons. Pour reboiser les bassins, une compagnie de réassurance de forêts a proposé un projet financier où les partenaires de l'assurance et de la réassurance souscrivent une obligation sur 25 ans et demandent à leurs clients, propriétaires des navires, d'acquérir l'obligation en échange de prime réduite. Au final, ce sont les bénéficiaires du canal qui finance indirectement le reboisement.

Le PNUE propose également de développer des instruments de marché innovants et démontre combien un soutien financier minime mais bien ciblé peut lancer un marché sur une voie plus durable. Le rapport cite l'exemple d'un partenariat de trois ans passé entre le PNUE et deux banques indiennes qui vise à promouvoir l'énergie solaire sur le continent indien. En exploitant les mécanismes de marché comme les taux d'intérêt préférentiels, le partenariat a réussi à financer plus de 17.000 systèmes solaires domestiques qui approvisionnent plus de 100.000 personnes en énergie propre.

Par ailleurs, le PNUE met en évidence de nouveaux défis émergeants résultants de l'évolution rapide des technologies. C'est le cas notamment des nanotechnologies qui aujourd'hui représentent 0,1% de l'économie manufacturière mondiale mais vaudront 2,6 millions de milliards de dollars ou 14% du marché d'ici 2014. Même si le PNUE est conscient que les applications des nanotechnologies sont innombrables, il signale toutefois qu'il n'est pas certain que les structures réglementaires actuelles soient en mesure d'aborder les caractéristiques précises des nanotechnologies. À ce jour, aucun gouvernement n'a mis en place une réglementation portant précisément sur les nanotechnologies, explique-t-il. Pour le PNUE, une approche équilibrée est nécessaire pour maximiser les bénéfices tout en minimisant les risques.

Toutes ces problématiques sont actuellement débattues et réfléchies au Forum ministériel mondial sur l'environnement qui regroupe plus de 100 ministres jusqu'au 9 février prochain. Les débats doivent également porter sur les réformes en cours de l'ONU dans le domaine environnemental, sur la création d'un règlement international pour les métaux lourds et autres polluants inorganiques persistants, ainsi que sur l'adoption de la stratégie du PNUE en matière de protection des ressources en eau douce.

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