Depuis 2018, la réglementation européenne sur les biocides et les phytosanitaires prévoit d'exclure les substances présentant des effets de perturbation endocrinienne. Est considérée comme perturbateur endocrinien (1) (PE) toute substance qui a un mode d'action qui altère les fonctions du système endocrinien (changement dans la morphologie, la physiologie, la croissance, le développement, la reproduction ou la durée de vie), qui produit un effet indésirable chez un organisme intact ou ses descendants, lorsque cet effet indésirable est une conséquence de ce mode d'action. « Pour toutes les substances phytopharmaceutiques et biocides pour lesquelles une évaluation était en cours ou à venir (nouvelle substance ou renouvellement d'approbation d'une substance existante), l'évaluation relative à la perturbation endocrinienne doit être conduite », indique l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) sur sa page dédiée aux perturbateurs endocriniens.
Des évaluations incomplètes ?
Or, l'association Générations futures a analysé, en collaboration avec les médecins de l'association Alerte des médecins sur les pesticides ( AMLP), les dossiers de treize substances actives pesticides qui demandent le renouvellement de leur autorisation sur le marché européen et dont la décision doit intervenir entre avril et juillet 2021. Sur les six premières substances étudiées (les fongicides cyprodinil, pyrimethanil, fenbuconazole, mepanipyrim, ziram et l'insecticide spinosad), seul un dossier comporte une analyse des troubles du neurodéveloppement, indique l'association. Il s'agit du ziram et encore, précise-t-elle, l'analyse porte sur des données peu récentes. « La prise en compte des particularités des PE (possibilité d'effets des faibles doses et/ou de relations dose-réponse non monotones) n'apparaît nulle part. La revue systématique de la littérature scientifique publiée, qui est une approche valide et acceptée pour chercher des arguments en faveur d'un effet PE, n'a été faite que pour une seule des six substances actives examinées », ajoute Générations futures.
L'association a donc envoyé un courrier aux ministres concernés leur demandant de s'opposer à la ré-autorisation de ces substances lors des prochains comités permanents. « La France doit exiger que chaque dossier comporte un test portant sur le neurodéveloppement selon les dernières lignes directrices adoptées et que l'Europe engage urgemment un processus de validation de nouveaux tests », estime-t-elle.