Meilleure visibilité de l'ampleur de la pollution
Comme prévu, la surveillance des milieux, des aliments et des effets sanitaires se poursuit. Les Agences de l'eau, l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) et le Ministère de l'agriculture et de la pêche ont complété les analyses sur les sédiments, les milieux aquatiques et les poissons mis sur le marché.
L'ensemble des résultats est attendu pour 2009 mais certains se sont déjà traduits par des interdictions de pêche totales ou partielles dans certains départements. À l'heure actuelle, plusieurs arrêtés d'interdictions sont en vigueur : dans le Calvados, la Seine-Maritime et l'Eure pour le fleuve Seine ; dans l'Ain, le Rhône, l'Isère, la Loire, l'Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, le Gard et les Bouches du Rhône pour le fleuve Rhône ; dans la Somme et l'Aisne pour le fleuve Somme ; dans la Drôme pour la rivière Isère et en Savoie et en Haute-Savoie pour les grands lacs alpins.
Concernant l'imprégnation des populations, une étude pilote a été menée en 2008 afin de valider le protocole et la méthodologie qui vont être mis en œuvre dans le cadre d'une étude à plus grande échelle. Réalisée sur 4 sites présentant différents niveaux de contamination, cette étude portera sur 900 personnes et démarrera dès le début de l'année 2009.
De leur côté, les DRIRE ont identifié et quantifié les rejets de PCB liés aux activités industrielles actuelles et continué à rechercher les sources de contamination historiques. Mais aucun bilan n'a été publié pour l'instant. Les DRIRE assurent également avoir renforcé le suivi du plan national de décontamination et d'élimination des appareils contenant des PCB tout particulièrement avec EDF et la SNCF, les plus gros détenteurs. Rappelons qu'il reste encore plus de 500.000 transformateurs à traiter d'ici à décembre 2010.
Le WWF ne semble toutefois pas convaincu de l'efficacité de ces mesures pour réduire les rejets de PCB dans le milieu : plusieurs éléments démontrent au contraire une recrudescence de ces rejets : dragages sans mesure de précaution, fuite de 4.000 litres de PCB à Vaulx en Velin suite à des vandalismes sur des sites orphelins non traités, rejets émanant des stations d'épuration non conformes à la réglementation européenne, trafics d'huiles industrielles, énumère l'association. La Fédération France Nature Environnement alerte également les pouvoirs publics sur la menace croissante que représentent les actes de vandalisme sur les nombreux transformateurs encore présents sur les friches industrielles. En effet, pour en retirer les métaux, des vandales vidangent des litres de pyralène (PCB) directement sur le sol.
Devant un sujet aussi important qui concerne directement la santé de nos concitoyens, devant le drame de cette pollution qui dépasse les clivages politiques, nous sommes en attente de solutions concrètes et tangibles, explique Serge ORRU, Directeur Général du WWF-France.
Des techniques de dépollution encore au stade de la recherche
Plusieurs travaux de recherche sur les eaux douces et les eaux marines sont en cours au sein des différents établissements publics et le pôle de compétitivité Axelera a obtenu un budget de 12 millions d'euros pour étudier des technologies de dépollution. Il s'agit aussi bien de favoriser les technologies existantes que de tester de nouvelles techniques afin au final de définir un outil d'aide à la décision, explique Pascal Dauthuille, chef du projet. Les équipes entendent mener des recherches sur cinq technologies de dépollution : le dragage et le criblage pour identifier la fraction concernée par la pollution aux PCB, le confinement sur site, les méthodes d'absorption, le traitement thermique et les approches biologiques. Ces dernières consistent à mettre au point un réacteur permettant de développer des bactéries spécifiques mais également de déterminer comment sélectionner des champignons ou des bactéries dans le milieu pour activer la dégradation des polluants. L'ensemble des techniques seront testées sur deux plates-formes expérimentales : une première sera située à l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, une seconde pouvant accueillir de gros volumes de sédiments sera mise en place dans le sud de Lyon.
Ce programme de recherche doit durer trois ans et aboutir à la définition de 13 nouvelles technologies de traitement et 14 outils et méthodes pour maîtriser les PCB et autres polluants aquatiques.