Climat, biocarburants et nouvelles technologies
Autour de la table étaient conviés de nombreux représentants des pays dits « émergents ». Etaient donc présents non seulement les ministres de l'environnement des pays membres de l'Organisation mais aussi ceux qui postulent : le Chili, l'Estonie, Israël, la Russie et la Slovénie. En outre, les représentants de l'Afrique du Sud, du Brésil, de la Chine, de l'Inde et de l'Indonésie sont également venus. Pour le ministre italien, leur présence était utile : En assistant à ces discussions, ces pays comprennent mieux les intentions des pays développés, et ça les rassure. Eux-mêmes se disent aussi préoccupés que nous par les questions environnementales. Nous devons renforcer notre coopération Et la ministre danoise, Connie Hedegaard, d'ajouter : on ne peut pas avancer sans eux et nous devons les aider !
Concrètement, que s'est-il dit ? En matière climatique, véritable fil conducteur de cette réunion, tous sont partis d'un constat. Comme l'indique le rapport d'Oslo, le diagnostic est inquiétant. En 2030, le total des émissions annuelles produites par les pays émergents devrait être supérieur à celui produit des trente pays membres de l'OCDE. Une expression, « cascade de responsabilités » semble donc être revenue souvent dans la bouche des uns et des autres. Plusieurs propositions, émises dans le rapport de l'OCDE, ont été reprises : suppression des subventions aux énergies fossiles, introduction d'une taxe carbone, promotion des permis négociables…Le changement climatique peut être une occasion d'inventer des modes de production et des modes de vie plus durables, a estimé Connie Hedegaard, le ministre de l'Environnement du Danemark. Les transferts de technologie et la possibilité de conclure des accords sectoriels ont aussi été abordés, créant au passage quelques clivages. Ce type d'accord viserait, en effet, à permettre aux grands secteurs industriels de contribuer à la lutte contre le changement climatique en réduisant leurs émissions polluantes. Selon certains, cela risquerait cependant de diluer l'investissement des Etats qui sont d'ores et déjà investis dans une démarche de réduction des émissions depuis Kyoto. De façon plus générale : doit-on, comme l'Europe pourrait le faire sous la présidence française, créer des taxes sur les produits importés qui ne respectent pas les normes environnementales ? Pour les ministres présents ce mardi, c'est une solution qui n'est pas à exclure…
En matière d'agriculture, comme le rappelle Angel Gurria ce mercredi 30 avril dans une tribune au journal Les Echos, l'OCDE appelle à réduire les aides à l'agriculture via un nouvel accord commercial multilatéral. Concernant la crise alimentaire, dont il a été souvent question, le représentant américain, Stephen Johnson, a évoqué le cas des biocarburants. Manger ou conduire, va-t-il falloir choisir ? Semblant aller à l'encontre de la position prise par l'OCDE, l'américain estime que les biocarburants ne devaient pas être abandonnés si rapidement. Tout comme l'aurait probablement fait le ministre brésilien à sa place, le représentant de l'Agence pour la Protection de l'Environnement américaine a ainsi évoqué la nécessité d'assurer la durabilité de leur production…
Au final ? Selon l'OCDE, les mesures proposées coûteraient toutes à peine plus de 1% du PIB mondial en 2030, soit quelque 0,03 point de pourcentage de moins que la croissance annuelle moyenne du PIB d'ici à 2030. Pour l'avenir, comme le raconte en plaisantant Angel Gurria, les ministres ont donné des « devoirs » à l'institution qui devra poursuivre ses travaux et ses analyses afin d'adopter une nouvelle stratégie pour la tranche 2050-2100. D'ici là, le ministre japonais devra déjà convaincre ses autres homologues au G8 que concilier environnement et compétitivité, « oui, c'est possible ! ».
Article publié le 30 avril 2008