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Rapport du FNE : des résultats préoccupants
Les relevés effectués par FNE aux abords de quatre sites industriels français présentent des résultats mitigés. Pour Solvay électrolyse à Tavaux dans le Jura et Arkema Lavera dans les Bouches du Rhône, les mesures ne démontrent pas de valeurs significatives. La concentration de Mercure dans l'air autour de ces deux sites ne dépassait pas 5ng/m3 dans l'air, note le rapport. Par contre, sur le site de SPC Harbonnières dans la Somme, les résultats présentent des taux importants de concentration dans l'air de manière continue (400 ng/m3 air) avec quelques pics de rejets importants, supérieurs à 1.000 ng/m3 air.
Le site Arkema à Jarrie (Isère) apparaît le plus préoccupant avec quelques pics atteignant 20.000 ng/m3 air, soit 20 fois la dose maximale admise par l'organisation mondiale de la santé (OMS). FNE a fait état d'une mesure ponctuelle anormale de Mercure dans l'atmosphère à proximité de l'usine ARKEMA de Jarrie (Isère). Même si les mesures réalisées antérieurement sur ce même site n'avaient jamais conduit à détecter de telles anomalies, l'inspection des installations classées (DRIRE Rhône-Alpes) a proposé à FNE de mener au printemps 2009 une campagne de mesures conjointe avec l'industriel et l'association agréée de surveillance de la qualité de l'air, selon un protocole scientifiquement établi et agréé par les différentes parties, précise le communiqué de presse du MEEDDAT. Chantal Jouanno, la secrétaire d'État à l'écologie, a demandé au préfet de l'Isère de réunir, dès la semaine prochaine, un comité de pilotage afin que cette campagne ait lieu sans attendre.
Un décalage entre la décision publique et la réalité sur le terrain, selon FNE
La dangerosité du Mercure est reconnue depuis de très nombreuses années. Que ce soit par inhalation, par contact cutané dans le cas du méthylmercure ou par ingestion de denrées contaminées (le Mercure se stocke par exemple ans la graisse des poissons), le Mercure s'avère toxique, même à faible dose. Maladies immunologiques, cardiovasculaires, rénales ou neurologiques peuvent être la conséquence d'une exposition à de faibles concentrations.
S'il est naturellement présent dans l'atmosphère, le Mercure est historiquement concentré dans des objets du quotidien : baromètres, thermomètres, matériel médical, amalgame dentaire… L'industrie de l'or, du charbon, la cimenterie et l'industrie du chlore rejettent potentiellement du mercure.
En France, les autorités publiques ont interdit la vente en 1998, puis leur utilisation dans les hôpitaux en 1999, de thermomètres à mercure. Mais en 2000, on estime qu'il y avait encore 15 millions de thermomètres à Mercure chez les particuliers. L'Union européenne a interdit plus tardivement les instruments au mercure, en juillet 2007, avec une entrée en vigueur au plus tard au premier semestre 2009.
L'industrie du chlore, objet de l'étude présentée par FNE, représente en France environ 8 % du total des émissions nationales selon des chiffres communiqués par le MEEDDAT. Six sites industriels sont concernés. Si les pouvoirs publics avaient décidé en 1998 de la suppression des cellules à Mercure dans cette industrie en 2010, cette décision a été reportée à 2019. Le ministère du développement durable a confirmé la décision prise en 2007 de fixer à 2019 l'interdiction de l'utilisation des électrolyses à cathode de mercure et précise que cette décision a été assortie d'une obligation de réduction supplémentaire des rejets de mercure dans l'air, dans l'eau et dans les produits de chacune de ces installations. En moyenne nationale, la réduction sera égale à 30 % entre 2005 et 2011. Ces émissions avaient déjà diminué de plus de 80 % depuis les années 90.
Ce report est regretté par FNE qui affirme qu'il existe dès aujourd'hui et depuis de nombreuses années des alternatives aux processus actuellement utilisés dans l'industrie. De plus, ces processus consomment 30 % d'énergies en moins que les procédés actuellement utilisés, note Elena Lymberidi, du Bureau européen de l'environnement.
Pour Arnaud Gossement, porte-parole du FNE, il y a un décalage entre la décision publique et la réalité sur le terrain. Le ministre a affiché une volonté de dialoguer, c'est bien. Mais il affirme que changer les procédés coûterait trop cher. Il faut que nous commencions à parler du coût de l'absence de protection de l'environnement plutôt que du coût pour les industriels !
Dans ce contexte, Chantal Jouanno et Jean Louis Borloo ont finalement annoncé jeudi, qu'ils allaient rouvrir le dossier relatif à ce report en commençant par réunir les industriels concernés, pour qu'ils présentent les échéances auxquelles ils prévoient de faire évoluer leur procédé. Le Ministère rappelle encore que les efforts réalisés pour réduire les rejets de Mercure dans l'environnement doivent évidemment être poursuivis : le nouveau Plan national santé environnement, prévu par le Grenelle de l'environnement et actuellement en cours de préparation, devrait ainsi conduire à une nouvelle réduction des rejets industriels de mercure d'ici à 2015 de 50 % dans l'eau et de 30 % dans l'atmosphère. Pour ce faire, la secrétaire d'État a déclaré dans un communiqué, vouloir mettre en place dans les plus brefs délais, un groupe de travail, avec les 5 parties du Grenelle, pour proposer des modalités concrètes permettant d'atteindre cet objectif.