Décrypter le comportement des lobbyistes pro-gaz de schiste à Bruxelles. Tel est l'objet du rapport des Amis de la Terre qui sera publié avant le prochain sommet du G7 des 4 et 5 juin. L'ONG a répertorié pendant un an les courriers et invitations (dîners, colloques, etc.) envoyés par les représentants de Total, GDF Suez ou encore Suez environnement aux directions européennes concernées (environnement, énergie, entreprises et action pour le climat). Ce travail vise à expliquer le vote, le 22 janvier, d'une recommandation de la Commission européenne (CE) sur les gaz de schiste, que Les Amis de la Terre jugent peu contraignante.
Série d'épingles
Total qui, en plus de ses ressources internes, a confié son lobbying à treize structures, est dans le viseur. Le groupe s'est appuyé sur Business Europe, le Forum européen de l'énergie ou encore le think-tank Les Amis de l'Europe pour obtenir de la CE l'abandon de toute règlementation européenne sur les gaz de schiste et un statu quo sur les projets de révision des directives existantes. Les Amis de la Terre épinglent aussi les cabinets Baker & McKenzie, Covington & Burling et PricewaterhouseCoopers, qui conseillent leurs clients sans être inscrits au registre de la transparence de l'Union européenne ou sans mentionner leurs commanditaires.
GasNaturally passe relativement inaperçu
GasNaturally est parvenu à passer relativement inaperçu sein du rapport. Ce discret groupe d'influence basé en Belgique rassemble pourtant les groupes d'entreprises que sont Eurogas, OGP(European Union of the Natural Gas Industry) et GIE (Gas Infrastructure Europe). S'il est inscrit sur le registre de la transparence de l'Union européenne, il ne détaille pas les noms de ses membres, parmi lesquels se trouvent GDF Suez, Suez environnement, l'américain General Electric et le britannique BP. GasNaturally est présidé par François-Régis Mouton, qui occupe les fonctions de délégué de Total pour les affaires européennes.