Contrairement aux idées reçues, la présence de « mauvaises herbes » dans les champs n'entraînerait pas forcément de pertes de rendement, même sans désherbage. C'est ce que montrent des chercheurs de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et de la Scuola Superiore Sant'Anna à Pise (Italie).
« La nuisibilité des adventices a majoritairement été étudiée par le passé en se focalisant sur la compétition d'une espèce adventice sur une culture. Cependant, peu d'études ont quantifié l'effet d'une communauté complexe (plusieurs espèces adventices), ce qui est pourtant souvent le cas dans les parcelles agricoles », explique l'Inra.
Pourtant, les pertes de rendement seraient liées à la prédominance d'une ou plusieurs adventices compétitrices. En revanche, la présence d'une flore spontanée diversifiée, aux caractéristiques biologiques variées, « peut permettre une complémentarité dans l'usage des ressources (lumière, eau, azote…) que se partagent les adventices et la culture, et ainsi réduire l'intensité de la compétition ».
Les espèces dominantes dans le viseur
Pendant trois ans, les chercheurs ont évalué la présence d'adventices dans des parcelles de céréales d'hiver (36 non-désherbées, 18 désherbées au cours de la saison). « Les scientifiques ont établi que quatre communautés d'adventices, parmi les six identifiées, génèrent des pertes de rendement, en absence de désherbage, variant de 19 % à 56 %. Le nombre d'épis par pied et de grains par épi (composantes du rendement) ont été systématiquement affectés lorsque des pertes de rendement ont été détectées ». Mais lorsque ces adventices sont diverses, la compétition avec la culture est réduite.
Ces résultats, à confirmer dans d'autres situations de culture, ouvrent des pistes pour la gestion de la flore adventice et les pratiques de désherbage, qui pourraient cibler seulement les espèces compétitrices mais aussi les dominantes.