La Cour des comptes européenne s'est penchée sur l'avancée de huit mégaprojets qui visent à mieux relier entre eux treize États membres de l'Union. Les projets examinés sont quatre lignes ferroviaires (l'axe Rail Baltica, la liaison Lyon-Turin, le tunnel de base du Brenner et l'Y Basque), une voie navigable (la liaison Seine-Escaut), une autoroute (l'A1 en Roumanie) et deux connexions multimodales (la liaison rail / route du Fehmarn Belt et la liaison ferroviaire E59 vers les ports en Pologne).
11 ans de retard en moyenne
Conclusion : un retard de construction important, de onze ans en moyenne, qui compromet le bon fonctionnement de cinq corridors transnationaux sur neuf. Des résultats « médiocres » qui « sont notamment attribuables à une coordination insuffisante des projets entre les différents pays », précise la Cour des comptes. Six des huit infrastructures ne fonctionneront pas à leur pleine capacité d'ici 2030, objectif initialement prévu, ce qui retardera l'achèvement du réseau central européen (RTE-T).
« La mise en place des corridors du réseau central RTE-T dans les délais prévus est capitale pour atteindre les objectifs stratégiques de l'UE, et contribue à soutenir la croissance et l'emploi et à lutter contre le changement climatique, a déclaré Oskar Herics, membre de la Cour responsable du rapport. Davantage d'efforts sont nécessaires pour accélérer l'achèvement de plusieurs des mégaprojets phares de l'UE dans le domaine des transports. Ces projets sont en effet essentiels pour améliorer la connectivité en Europe et générer l'effet de réseau dans les délais prévus. »
Explosion des coûts
Le coût des huit mégaprojets a augmenté de plus de 17 milliards d'euros (soit 17 %), bien souvent en raison de modifications de la conception et de l'étendue des projets, « ainsi que d'une mise en œuvre inefficiente ». L'augmentation la plus conséquente a été observée pour le canal Seine-Nord Europe (qui fait partie de la liaison Seine-Escaut), dont les coûts ont pratiquement triplé.
À ce jour, environ 7,5 milliards d'euros de financements de l'UE ont été alloués aux huit mégaprojets examinés, dont 3,4 milliards ont déjà été versés par la Commission. En raison des retards, celle-ci a retiré une partie des financements octroyés au départ (1,4 milliard d'euros au total). Selon une étude de la Commission, si le réseau n'était pas mis en place, l'économie de l'Union serait privée « de 1,8 point de croissance potentielle ».