« À court terme, le taux de 6 % en volume d'hydrogène est atteignable en mélange dans la plupart des réseaux, hors présence d'ouvrages ou d'installations sensibles chez les clients ». C'est l'un des principaux enseignements qui ressort d'un rapport (1) présenté récemment dans la continuité du plan Hydrogène de juin 2018, par neuf opérateurs d'infrastructures de transport (GRTgaz, Téréga), stockage (Storengy, Elengy, Géométhane), et de distribution (GRDF, RGD-S, Régaz-Bordeaux et le SPEGNN) de gaz naturel.
Preuve de leur intérêt pour l'hydrogène, six grand.e.s patron.ne.s de la filière ont fait le déplacement pour présenter les principaux enseignements de leurs travaux sur les conditions techniques et économiques d'injection de l'hydrogène dans les réseaux, et enfoncer le clou du rôle qu'ils entendent jouer dans la transition énergétique.
6 % sans heurts
10 % et 20 % : adapter les équipements en bout de chaîne
Si ces taux sont atteignables avec des adaptations limitées sur les infrastructures de transport, stockage et distribution, les équipements situés notamment en aval, devront quant à eux, être adaptés. Avec à la clé, de vraies questions méthodologiques et financières notamment pour accompagner la R&D chez les fabricants d'appareil de combustion (chaudière, gazinière…) et la formation des professionnels de la maintenance.
De l'hydrogène vert sinon rien
L'hydrogène est un vecteur et non une source d'énergie. De la manière dont il est produit dépend son intérêt environnemental. Et les opérateurs gaziers de préciser que leurs travaux visent à intégrer de l'hydrogène décarboné et renouvelable, que ce soit via la récupération d'hydrogène coproduit dans l'industrie, celui issu de la pyrogazéification de déchets ou biomasse, du reformage de gaz avec stockage du carbone ou bien encore du Power to Gas.
L'hydrogène, hub de l'énergie ?
À l'instar du projet Impulse porté par Térega autour de Lacq (64), l'hydrogène endossera idéalement le rôle d'intermédiaire entre différentes sources d'énergie renouvelable et postes de consommation. Objectif : déployer de nouveaux systèmes énergétiques urbains pilotables et en réseau. Ces smart grids construits autour de l'hydrogène promettent d'être « intelligents » en produisant, récupérant et distribuant l'énergie sous sa forme la plus adéquate, et avec un minimum de perte lors des transformations.
La pyrogazéification, sur la base de combustible solide de récupération (CSR) telle que développée par le Syndicat mixte d'élimination et de valorisation des déchets (Symevad) en région Hauts-de-France, ambitionne de trouver une solution au manque d'unité de valorisation des CSR et du déficit d'exutoires pour la filière des déchets et du recyclage.
Opérateur de terminaux méthaniers, Elengy se projette en 2050 et voit, dans l'hydrogène, une opportunité pour ses navires d'importer du GNL « vert » de synthèse, grâce à la séquestration de CO2 / méthanation sur les lieux de chargement.
Ambitions nationales et concurrence mondiale
Alors que les opérateurs d'infrastructures gazières proposent à l'État dix leviers prioritaires pour accélérer le déploiement de l'hydrogène en France, Aurélie Picart, déléguée générale du Comité stratégique de filières industries des nouveaux systèmes énergétiques, confirme que c'est maintenant qu'il faut que la France se positionne sans ambiguïté sur le marché industriel que constitue l'hydrogène. Car si cela bouillonne bel et bien dans l'Hexagone, il convient de ne pas laisser passer l'opportunité de devenir un acteur international de premier plan et éviter de reproduire l'échec des tentatives tricolores sur le solaire et le stockage. Des secteurs sur lesquels les Chinois ont massivement investi et sont désormais les leaders incontestés.