La création d'un organe international qui pourrait être effective d'ici un an, devrait surtout permettre de rendre la question de la perte de la biodiversité plus visible et d'aider à la décision politique. Dans son quatrième rapport « GEO-4 », le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) rappelle que les espèces meurent cent fois plus vite que ce que montrent les études fossiles et 12% des oiseaux, 23% des mammifères et plus de 30% des amphibiens sont menacés d'extinction. D'après une étude scientifique publiée en collaboration avec l'UICN au début du mois, 200 des 522 espèces européennes de poissons d'eau douce sont menacées d'extinction tandis que 12 sont déjà éteintes. C'est donc plus d'un tiers des espèces de poissons d'eau douce qui serait concerné, leurs écosystèmes étant en passe d'être détruits. Rendue publique en septembre dernier, la liste rouge des espèces menacées d'extinction de l'UICN ne comprend pas moins de 16.300 espèces au final, ce qui laisse entrevoir l'ampleur de la menace qui pèse sur les écosystèmes. Ainsi selon le rapport du PNUE, une sixième extinction majeure serait donc en cours, cette fois-ci causée par le comportement humain.
À l'occasion de la réunion du comité de l'IMOSEB, la Secrétaire d'État chargée de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a souligné l'importance que revêt cette initiative au lendemain du Grenelle de l'Environnement et dans la perspective de la présidence française de l'Union européenne au deuxième semestre 2008. Elle a ainsi rappelé sa disponibilité à poursuivre le soutien de la France à ce comité de préfiguration et à tout dispositif pérenne qui en découlera. Rappelons qu'à l'issue du Grenelle plusieurs propositions ont été actées tout particulièrement en faveur de la recherche sur la biodiversité et sur la création d'une trame verte et d'une trame bleue chargée de mettre en relation les zones de protection sur le territoire français. Ces propositions vont d'ailleurs être concrètement déclinées au sein des comités de suivi qui vont se mettre en place à partir du 15 décembre prochain.
Notons que d'autres États membres avancent également sur le sujet. L'Allemagne vient ainsi d'adopter sa stratégie nationale pour la biodiversité. Le gouvernement fédéral se base sur le grand principe du développement durable et considère la protection de l'environnement et de la nature comme une tâche incombant à la fois à l'État, à la population et aux milieux économiques. La stratégie contient ainsi une liste de quelque 430 mesures et 330 cibles destinées à préserver la diversité biologique et les habitats. Elle se base sur la situation suivante : environ 9.500 espèces de plantes, 14.400 espèces de champignons et 48.000 espèces animales sont actuellement répertoriées en Allemagne mais 26,8% des plantes et fougères et 36% des espèces animales risquent de disparaître. Au total plus de 70% des habitats sont menacés. La stratégie nationale a donc pour objectif de stopper la perte de diversité biologique d'ici 2010, conformément à l'objectif de Göteborg de l'Union européenne et d'améliorer les conditions des communautés typiques de l'habitat forestier d'ici 2020. Le pays espère également créer d'ici 2010 un système représentatif et efficace de biotopes en réseau sur 10% de son territoire. Cette stratégie est d'autant plus symbolique que l'Allemagne accueillera à Bonn la 9e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique au mois de mai 2008.