L'équipe de scientifiques présente à bord du navire de l'ONG Greenpeace vient de faire une découverte qui devrait peser lourd contre le projet de forage pétrolier de Total. Une formation récifale se trouverait à l'endroit où la firme envisage d'installer ses puits. "C'est un élément clé de l'argumentaire de Total qui tombe", juge Greenpeace dans un communiqué.
Total affirmait pourtant que la formation récifale la plus proche de ses concessions se trouvait à 8km, indique l'ONG. "Comment le pétrolier a pu négliger une telle information !", dénonce Edina Ifticene, chargée de campagne "océans" pour Greenpeace France. "Il s'agit soit d'une preuve d'incompétence soit d'une omission volontaire", poursuit-elle.
La formation récifale qui se trouverait à l'endroit du projet de forage est composée de rhodolithes : des algues calcaires qui constituent des habitats pour les poissons. Cette découverte "confirme que le récif de l'Amazone s'étend bien plus loin que ce que les scientifiques pensaient au départ", indique Greenpeace. Selon une étude parue dans Frontiers in Marine Science, le récif s'étend sur 56.000 km2, soit près de six fois la taille estimée au départ, a précisé l'ONG.
L'autorité environnementale brésilienne (IBAMA) avait déjà refusé les études d'impact environnemental des deux industriels, Total et BP, considérant que les entreprises ne fournissaient pas assez d'informations sur les conséquences d'une marée noire. "Total a présenté une nouvelle demande d'exploration pétrolière aux autorités brésiliennes. (…). La décision est attendue dans les prochaines semaines", indique Greenpeace. Pour Edina Ifticene, "le gouvernement brésilien n'a désormais d'autre choix que de refuser [de lui] accorder (…) les autorisations de forage".