En revanche, tous se sont accordés sur le fait que les négociations sur le sujet devaient se poursuivre sous l'égide des Nations Unies. Les Présidents ont de plus souhaité parvenir d'ici 2009 à un nouvel accord sur le changement climatique qui entrerait en vigueur après l'expiration en 2012 du protocole de Kyoto. Ce futur régime international devrait être discuté à la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra en décembre à Bali.
Officiellement il s'agit donc d'un grand succès, selon Mme Merkel qui s'est par ailleurs félicitée d'observer une atmosphère constructive entre les dirigeants du G8.
Le président français Nicolas Sarkozy a quant à lui souligné une avancée assez significative. L'important est qu'il y ait eu une trajectoire et que l'on progresse sur cette trajectoire. On a progressé et cet objectif des 50 % en 2050 est dans le communiqué. J'aurais préféré que ce soit un objectif impératif, il y a encore un petit peu de chemin à faire. Mais regardez d'où nous partons.
En réaction, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s'est dit extrêmement encouragé par leur engagement en faveur d'un processus multilatéral dans le cadre des Nations Unies. L'acceptation par les dirigeants de leurs responsabilités d'agir pour une réduction des émissions et finalement pour leur élimination doit être saluée tout comme leur intention déclarée de conclure, d'ici 2009, les négociations sur un accord concernant la période qui s'ouvrira après 2012, est-il indiqué dans un message transmis par sa porte-parole.
De leur côté, les associations environnementales ont condamné l'incapacité du G8 à s'entendre sur des objectifs précis et contraignants. Pour Greenpeace, il s'agit d'une occasion historique ratée. Ni le seuil de 2°C de réchauffement à ne pas dépasser, ni l'absolue nécessité de diviser par 2 les émissions globales et par 4 les émissions des pays du G8 n'ont fait l'objet d'un engagement du G8, déplore Greenpeace. En outre, l'absence de référence explicite au protocole de Kyoto, seul cadre contraignant de réduction des émissions, de même que l'absence de mention de l'année 1990 comme référence pour le calcul des éductions ajoutent à l'ambiguïté du texte final.
Geenpeace s'est en revanche dite satisfaite que le G8 se positionne clairement dans le cadre des Nations Unies.
Si pour l'association, l'isolement des Etats-Unis qui refusaient d'accepter un objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre est apparu au grand jour lors de cette rencontre du fait que l'administration Bush a accepté de sérieusement considérer le fait que le reste du monde se fixe des objectifs de réduction, on peut craindre que cela ne soit en fait l'inverse qui se produise. En effet, les principales économies émergentes telles la Chine ou l'Inde invités lors du G8 à rejoindre cet effort sur le climat, devraient prendre position rapidement. Si celles-ci se rallient à la position actuelle formulée par le G8, il y a fort à parier que c'est finalement l'Europe et ses objectifs ambitieux qui se retrouveront isolés lors des prochaines négociations internationales, fussent-elles placées sous l'égide de l'ONU.
Notons par ailleurs qu'à l'occasion de Journée mondiale de l'environnement, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des représentants du secteur financier avaient tous trois appelé la communauté internationale, et en particulier les pays membres du G-8, à prendre des mesures mondiales contre les changements climatiques. La volonté politique collective et résolue est la pièce finale, toujours manquante, à ce puzzle, avait estimé Achim Steiner, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif du PNUE, déplorant un processus frustrant de lenteur. Parallèlement, 23 hauts responsables du secteur de la banque et de l'assurance avaient suggéré que les propositions de l'Union européenne de réduire de 20 à 30% les émissions de gaz à effet de serre avant 2020, et de 60 à 80% avant 2050, devraient être au centre des objectifs de tous les pays industrialisés… on est donc aujourd'hui encore bien loin d'un tel engagement !
* objectif de réduction par quatre d'ici 2050 des émissions globales de gaz à effet de serre des pays développés.