Pour répondre à des enjeux de sécurité alimentaire mis à mal par la guerre en Ukraine, la France a décidé de mobiliser ses jachères pour accroître la production agricole du pays. Cette dérogation au principe de jachère, qui s'applique à 4 % des terres arables européennes, a été validée au niveau européen. Elle vise à compenser ce que la Russie et l'Ukraine ne pourront pas produire cette année en raison du conflit en cours et des sanctions européennes qui s'appliquent à la Fédération russe.
Ainsi, pour la campagne 2022, les agriculteurs français peuvent remettre en culture leur surface déclarée en jachère (hors jachère mellifère) pour produire des protéagineux, oléagineux et céréales, ou faucher ou faire pâturer ces surfaces, selon un arrêté publié, le 31 mars, au Journal officiel. « Cette valorisation sera sans conséquence sur le calcul des critères d'éligibilité au paiement vert. Les surfaces resteront comptabilisées en tant que jachère, tant au titre des surfaces d'intérêt écologique que pour la diversification des cultures », précise le ministère de l'Agriculture.
En France, les surfaces en jachère représentent près de 300 000 ha, soit plus de 1 % de la surface agricole utile (26,7 millions d'hectares), et presque 2 % de la surface en terres arables. La production agricole attendue servira pour l'alimentation humaine et animale nationale, mais aussi à l'export pour les pays du pourtour de la Méditerranée et d'Afrique, dépendants des importations de céréales pour leur sécurité alimentaire.