© Marco Dufour
La catastrophe d'AZF a un impact durable sur la santé mentale et sur l'audition, estime l'Institut de veille sanitaire (InVS), qui a suivi pendant cinq ans 3.006 volontaires victimes de l'explosion (travailleurs, sauveteurs…). L'institut préconise donc la mise en place de dépistages des déficits auditifs dans la zone proche de l'explosion et le renforcement de ''la prise en charge psychologique et l'orientation vers des spécialistes en cas de risques psychiatriques de la population concernée par la catastrophe''.
Un coût chiffré à 34,4 M€ par la CPAM
Les dépenses de soins, d'indemnités journalières dans le cadre d'arrêts de travail, de pensions d'invalidité ou de rentes d'accidents du travail des victimes d'AZF pris en charge par l'Assurance maladie représentaient plus de 34,4 millions d'euros à fin janvier 2009.
Mal-être, stress post traumatique et dépression
Selon l'étude, ''à court terme, les conséquences sanitaires des rejets toxiques dans l'environnement se sont révélées minimes. En revanche, les pertes auditives et les conséquences sur la santé mentale prédominaient dans les populations, enfants ou adultes, habitants ou travailleurs''.
Plusieurs mois après la catastrophe, des proportions élevées de symptômes de stress post-traumatique (symptômes de type anxieux comme des cauchemars ou une hyper irritabilité) et des symptômes dépressifs ont été observés. Selon l'Assurance maladie, qui a ouvert, de septembre 2001 à juillet 2011, 11.618 dossiers pour des assurés déclarés comme victimes de l'explosion AZF, (dont 7.827 au titre du risque maladie et 3.791 au titre d'un accident de travail), ''près de 5.000 personnes ont débuté un traitement psychotrope dans les jours ayant suivi l'explosion alors qu'elles n'en prenaient pas auparavant''. Quatre ans plus tard, 14 % des participants à la cohorte consommaient toujours des anxiolytiques et 10 % des médicaments antidépresseurs. ''Cette consommation de médicaments antidépresseurs est d'autant plus fréquente que les personnes étaient proches du lieu de l'explosion. Les hommes qui se trouvaient à moins de 1,7 kilomètre du site lors de l'explosion étant trois fois plus nombreux à en consommer que ceux qui étaient à plus de 5 kilomètres, ce qui confirme le lien entre les deux phénomènes''.
Plusieurs années après la catastrophe, de nombreux volontaires déclarent encore un mal-être. En 2007, 42 % des hommes et 60 % des femmes présentaient des syndromes dépressifs.
De nombreux troubles de l'audition
Cinq ans après la catastrophe, 31 % des hommes et 24 % des femmes déclarent souffrir d'acouphènes (bourdonnements ou des sifflements entendus dans une ou deux oreilles ou bien dans la tête en l'absence de toute source sonore dans le milieu environnant) et respectivement 26 et 35 % d'hyperacousie (dysfonctionnement de l'audition, caractérisé par une hypersensibilité de l'ouïe). Des proportions importantes : environ 10 à 17 % de la population générale souffrirait d'acouphènes et 2 % seulement souffrirait d'hyperacousie.