Selon le porte-parole de la préfecture maritime, le capitaine Yann Bizien, qui s'est confié à l'AFP, l'essentiel de ce projet est situé dans une zone minée lors de la Seconde Guerre mondiale et l'étude de risque a démontré que pour les intervenants de ce projet et les usagers de la mer le danger était réel. Pourtant, selon le promoteur du projet, cette donnée a été parfaitement intégrée dans le développement de son projet par La Compagnie du Vent, qui a déjà planifié un déminage de la zone si son parc éolien était autorisé. Il semblerait que plusieurs sociétés spécialisées lui aient confirmé que le déminage pouvait être réalisé en toute sécurité.
Pour sa défense, La Compagnie du Vent rappelle que ce projet représentant un investissement de 1,4 milliards d'euros présenterait de nombreux avantages : l'installation de ce parc éolien créera notamment plus de 2.000 emplois pendant trois ans pour la construction, puis environ 250 emplois locaux directs et indirects pour l'exploitation. Aux inquiétudes des pêcheurs concernant les impacts des éoliennes sur la ressource halieutique dans leur zone de pêche, la société a répondu en expliquant que le projet des Deux Côtes améliorera les conditions de pêche grâce à l'installation de récifs artificiels qui augmentent la ressource halieutique et en précisant qu'il sera possible de naviguer entre les éoliennes. Après discussion avec les représentants de pêcheurs, la société s'était également engagée à leur fournir une aide pour l'incorporation de biocarburant à travers sa filiale Biocarb. Cette disposition aurait permis aux marins pêcheurs de diminuer leurs charges. Par ailleurs, conformément à la dernière loi de finances, le parc aurait généré une taxe annuelle de près de 8,5 millions d'euros qui aurait été versée pour moitié à un fonds départemental pour les activités maritimes de pêche et de plaisance, le reste revenant aux communes et intercommunalités concernées. Ainsi dans son communiqué, La Compagnie du Vent s'étonne de ce refus mais compte bien apporter une réponse au préfet de la Seine-Maritime dans un recours gracieux.
Du côté des opposants au projet, certains élus et marins pêcheurs appuyés par l'association Vent de Colère, on se félicite. Si pour certains cette opposition se justifie par le risque de mettre en péril l'activité essentielle à la région qu'est la pêche, pour d'autres c'est le risque de voir des promoteurs, attirés par les sommes phénoménales qui sont en jeu, implanter des projets trop importants. En effet, pour Vent de Colère, l'éolien industriel n'est qu'une bulle spéculative qui ne règle en rien le problème des gaz à effet de serre et qui a des impacts visuels, sonores pour les riverains et mortels pour l'avifaune.
Le problème réside surtout dans le fait que l'on connaît encore très mal l'impact réel des éoliennes offshore sur l'écosystème marin. Les études indépendantes sont peu nombreuses et ont, de plus, très peu de recul. Il serait donc utopique de dire que les éoliennes n'ont aucun impact sur le milieu mais comme souvent dans le secteur de l'environnement, tout est une question de compromis ou plus précisément d'acceptabilité du risque.
Avec un nombre croissant de projets éoliens offshore qui se mettent en place dans le nord de l'Europe on peut espérer avoir de nouvelles données afin d'éclaircir la situation.