Les États-Unis renforcent leur stratégie de lutte contre la pollution aux substances per-et polyfluoroalkylées (1) (PFAS) : l'administration américaine vient de fixer des limites nationales à ne pas dépasser dans l'eau potable pour cinq PFAS individuellement, mais également en mélange. Pour les respecter, les services publics d'eau potable devront mettre en place une surveillance d'ici à 2027. Puis s'ils dépassent les seuils fixés, développer des solutions pour les réduire d'ici à 2029.
Afin de les accompagner, l'administration prévoit un milliard de dollars pour la mise en œuvre des analyses et des solutions de traitement. Entre 6 à 10 % des 66 000 services d'eau pourraient être concernés par des mesures de réduction des PFAS.
Concernant les teneurs à respecter dans l'eau, pour deux PFAS, le PFOA et le PFOS, l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA) considère que l'objectif sanitaire devrait tendre vers zéro. « Cela reflète les dernières données scientifiques montrant qu'il n'existe aucun niveau d'exposition à ces contaminants sans risque d'impact sur la santé, y compris certains cancers », explique-t-elle. Toutefois, « pour une mise en œuvre efficace à des niveaux les plus bas possible », les seuils réglementaires sont pour l'instant individuellement fixés à 4 ng/L pour le PFOA et pour le PFOS. Concernant le PFNA, le PFHxS et le HFPO-DA, la limite individuelle est de 10 ng/L.
Par ailleurs, l'EPA a arrêté un seuil pour un mélange d'au moins deux PFAS, parmi PFNA, PFHxS, PFBS et HFPO-DA « étant donné que les PFAS peuvent souvent être trouvés ensemble dans des mélanges et que les recherches montrent que ces mélanges peuvent avoir des impacts combinés sur la santé », justifie-t-elle.
Substances | Niveaux sanitaires | Niveaux applicables |
PFOA | 0 | 4 ng/l |
PFOS | 0 | 4 ng/l |
PFNA | 10 ng/ | 10 ng/l |
PFHxS | 10 ng/l | 10 ng/l |
HFPO-DA | 10 ng/l | 10 ng/l |
Mélange de deux ou plusieurs PFAS | indice de danger de 1 | indice de danger de 1 |
Un suivi prévu en Europe dès janvier 2026
Cette approche d'un suivi pour un groupe de PFAS est celle retenue sur le européen. En 2020, la directive Eau potable a fixé deux seuils au choix à respecter dans l'eau potable d'ici à janvier 2026 : soit une limite de 100 ng/L pour la somme de 20 PFAS, jugés préoccupants, soit 500 ng/L pour le total des PFAS. Des niveaux également retenues par l'Organisation mondiale de la santé (2) en 2022 comme valeurs guides.
Entre 6 à 10 %
des 66 000 services d'eau américains pourraient être obligés de mettre en œuvre des solutions de traitement des PFAS.
Les limites fixées à l'échelon européen sont toutefois considérées comme trop élevées par certains acteurs. « Il semblerait que certains scientifiques estiment que ces seuils sont trop élevés et obsolètes en l'état actuel des connaissances scientifiques, le seuil de 100 ng/kg étant celui utilisé pour qualifier les hotspots par Forever Pollution Project (3) , en fonction des experts interrogés », a souligné, en février dernier, le député Cyrille Isaac-Sibille dans son rapport sur les PFAS.
Autre exemple de cadre : après avoir élaboré des valeurs préliminaires pour des PFAS pris individuellement, Santé Canada, le ministère de la Santé canadien, a annoncé, en 2021, se tourner vers une approche par classes de composés. L'administration a proposé, en 2023, dans le cadre d'une consultation un objectif de 30 ng/l pour une somme de PFAS (4) détectés dans l'eau potable. « Lorsque l'objectif final sera publié, plus tard cette année, il remplacera les directives actuelles, précise-t-elle. Selon les données actuelles concernant l'eau potable et les sources d'eau douce au Canada, les PFAS sont présentes à des concentrations inferieures au nouvel objectif proposé. Toutefois, les concentrations de PFAS dans l'eau potable et l'eau douce peuvent être plus élevées près des installations qui utilisent de grandes quantités de ces produits chimiques, des endroits où des mousses extinctrices contenant des PFAS ont été utilisées pour éteindre un incendie, des sites d'enfouissement et des stations de traitement des eaux usées. »
Cette valeur prend notamment en compte les données sur l'efficacité des traitements et les concentrations présentes. « Il est recommandé que les stations de traitement s'efforcent de maintenir les concentrations de PFAS dans l'eau potable au niveau le plus bas qu'il est raisonnablement possible d'atteindre », souligne toutefois le ministère.