Un vaste trafic de civelles a été démantelé ce 11 juin par les douaniers Bordelais et les gendarmes d'Arcachon, annonce la gendarmerie nationale. L'enquête, qui a duré près de quatre ans, révèle que les civelles, de jeunes anguilles, étaient pêchées en Charente-Maritime, transportées en Espagne puis acheminées en Asie. En tout, 46 tonnes d'alevins auraient été exportés illégalement pour un montant total de 18,5 millions d'euros. C'est grâce à de faux documents et des sociétés écrans en Irlande et au Panama que les civelles parvenaient à quitter l'Europe. Car, depuis 2010, il est interdit de les exporter hors UE. Les petites anguilles sont alors devenues du véritable « or blanc » pour les braconniers, car devenues plus difficiles à se procurer.
« La demande pour la civelle européenne a explosé dans le Sud-Est asiatique, après la quasi-disparition de l'anguille asiatique liée à sa surpêche », explique le ministère del'Économie, des Finances et de la Relance dans un communiqué. Les contrebandiers ne cessent d'alimenter cette clientèle prête à payer 3 000 à 4 000 euros le kilogramme de civelles ». Rappelons que les mareyeurs impliqués risquent une peine de cinq ans d'emprisonnement.
Un trafic qui pèse lourd sur les populations d'anguilles européennes car ces 46 tonnes prélevées illégalement s'ajoutent aux 57 tonnes de quotas légaux. En 30 ans, la population d'anguilles européenne s'est effondrée de 75 %. Les associations de protection de la nature et les associations de pêcheurs amateurs avaient déjà fait appel au Conseil d'État en mai dernier pour réduire les quotas de civelle, au grand dam des pêcheurs professionnels. Pour le moment, le Conseil d'Etat ne s'est pas encore prononcé.