Laissées de côté depuis le début de l'année et plus particulièrement depuis le début de la crise politique avec le secteur agricole, huit associations environnementales ont été reçues à l'hôtel de Matignon, dans la soirée du jeudi 14 mars. Une première discussion, entre concessions et promesses en guise de mea culpa, avant d'engager des rendez-vous similaires, a priori, tous les deux mois.
Crever l'abcès
Le Premier ministre, Gabriel Attal, s'est entretenu avec les représentants de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), des Amis de la Terre, de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), de l'ONG Humanité et Biodiversité, des branches françaises du Fonds mondial pour la vie sauvage (WWF) et de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UCIN), ainsi que des réseaux France Nature Environnement (FNE) et Réseau Action Climat (RAC). Seules des organisations membres du Conseil national pour la transition écologique (CNTE) ou du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ont été admises (conviée, la fondation Surfrider n'a pas été représentée).
En premier lieu, nous confie Antoine Gatet, président de FNE, « le Premier ministre a reconnu le fait que cette rencontre arrivait trop tard et qu'elle aurait dû intervenir avant et pendant la crise agricole ». Gabriel Attal a également « réfuté l'emploi du terme "écoterrorisme" et entendu le besoin d'un soutien réaffirmé à l'action associative ». Celui-ci, lui a précisé le chef du Gouvernement, doit advenir sous la forme d'une nouvelle « reconnaissance de l'engagement associatif au service de l'intérêt général » dans le cadre des nouvelles missions confiées à Prisca Thevenot, porte-parole et ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique.
La planification écologique se fait attendre
Le Premier ministre a tout de même tenu à rassurer ses interlocuteurs qu'il ne reviendrait pas sur la mise en œuvre des plans Eau, Protéines, Forêts et Haies, ou encore de la nouvelle Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). « Nous attendons des actes, ce que nous demandons depuis toujours, lui répond le WWF France. Il faut des signaux clairs qui témoignent de la volonté politique de maintenir le cap de la planification écologique. » Le Gouvernement doit encore approuver les trajectoires d'atténuation et d'adaptation au réchauffement climatique, posées par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Quant aux prochaines Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et Stratégie nationale bas carbone (SNBC), une source proche du dossier à Matignon affirme que la Commission nationale du débat public (CNDP) sera saisie « très rapidement » pour ouvrir une « grande consultation commune ».
L'OFB et l'Anses, en dehors du viseur
Du reste, le Premier ministre en a profité pour acter plusieurs arbitrages. Au cœur des revendications du secteur agricole lors des récentes mobilisations, le nouveau plan de réduction des pesticides, Écophyto 2030, devrait être présenté « à la fin du mois ». Cependant, sa version finale doit encore passer au crible de « dernières discussions avec les syndicats agricoles ». À cet égard, Gabriel Attal a confirmé que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) conservera son pouvoir décisionnaire sur les autorisations de mise sur le marché, malgré la tentation du président Emmanuel Macron et du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, d'en faire autrement.
Le désarmement redouté, aux sens propre et figuré, des forces de l'Office français de la biodiversité (OFB) n'aura pas lieu. Le chef du Gouvernement l'a promis avec l'adoption d'une nouvelle convention trouvée entre le conseil d'administration des chambres d'agriculture et l'OFB. Cet accord entraînera néanmoins une « évolution dans les modalités de contrôle », moins contraignantes pour les agriculteurs. Pour finir, Gabriel Attal s'est engagé à soutenir la proposition de loi du député Renaissance, Damien Adam, pour le verdissement des flottes automobiles des entreprises.