Lave-linge, aspirateur, télévision, ordinateur portable, imprimante, téléphone mobile ou lampe : de quelles connaissances disposons-nous concernant la durée de vie des principaux équipements électriques et électroniques (EEE) ? Pour répondre à cette question, l'Ademe a consulté différents acteurs qui jouent un rôle dans ce secteur (pouvoirs publics, fabricants et distributeurs, associations, acteurs de la réparation, éco-organismes, laboratoires de tests, etc.). Elle a également réalisé une étude bibliographique sur les outils disponibles de cadrage et de suivi.
La volonté d'exploitation de cette notion n'est pas nouvelle. Le plan national d'action de prévention des déchets (1) proposait déjà en 2004 de définir une norme sur la durée de vie des produits. "Elle permettra d'annoncer que le produit est conçu pour durer X années. Ceci se différencie d'une garantie, qui suppose de surmonter le problème posé par les conditions aléatoires d'utilisation des produits par les consommateurs", détaillait alors le document.
Aucune définition harmonisée
Premier constat de l'Ademe : la durée de vie des EEE ne correspond aujourd'hui à aucune définition harmonisée. Dans son analyse, l'agence propose une approche à travers 4 définitions clefs : la durée normative (mesurée dans des conditions spécifiques de tests), d'usage (laps de temps durant lequel le produit est utilisé), d'existence (entre la fin de fabrication d'un produit et son élimination) et de détention (période entre l'arrivée dans un foyer et sa sortie). Limitation des pièces de rechange, incompatibilités entre différents matériaux ou conception d'appareils moins robustes, l'utilisation d'un produit peut cependant être réduit par le phénomène d'obsolescence programmée (2) .
Selon le rapport de l'Ademe, un autre facteur limitant serait la réparation des EEE. "Seuls 44 % des appareils qui tombent en panne sont réparés. Pour les appareils hors garantie, les distributeurs estiment à 20% les interventions qui conduisent à la réparation", souligne le document. Le secteur de la réparation serait fragmenté et souffrirait d'une baisse de professionnalisation ainsi que de certification des compétences, selon l'Ademe. Les consommateurs n'auraient également pas systématiquement le réflexe de réparer leurs équipements. Une étude TNS Sofres et l'organisation fédératrice de l'industrie des appareils d'équipement ménager (Gifam) (3) montre ainsi que dans 40 à 50% des cas, des appareils sont remplacés alors qu'ils sont encore en état de fonctionner ou qu'ils seraient réparables.
Concernant les outils disponibles, seules les lampes disposent d'instruments législatifs. L'affichage de leur durée normative ainsi que la garantie d'un nombre minimal d'heure de vie (4) est en effet obligatoire en Europe. Cependant, celle-ci, réalisée dans des conditions bien définies, ne correspond pas à la durée d'usage qui varie selon les utilisations.
Pour réduire les impacts environnementaux sur l'ensemble du cycle de vie des produits, l'Ademe propose différentes pistes d'actions. Tout d'abord, elle conseille l'harmonisation de la définition de durée de vie et l'élaboration d'indicateurs pour les mesurer. Ensuite, lors de la conception des appareils, elle souhaite notamment que des pièces de rechange pour les pièces d'usure continue à être mise à disposition après la dernière mise sur le marché. De la même manière, elle considère comme indispensable l'obligation du remplacement des batteries pour des produits comme les portables.
La durée de vie des appareils pourrait également constituer un critère de modulation de l'éco-contribution ou pour des achats publics éco-responsables.
Durant la phase d'utilisation, l'Ademe souhaite encourager la promotion de la réparation et du réemploi des produits. Un développement des points de collectes (physiques ou virtuels via Internet) s'avère enfin nécessaire pour faciliter l'accès aux filières de recyclage.