De nouvelles marques « bio » apparaissent chaque année concurrencées par les gammes « nature » développées par les grandes enseignes de la distribution. Même les marques conventionnelles s'y mettent, développant de nouveaux produits ou reformulant les grands classiques.
Cet essor apparaît fulgurant quand il y a seulement quelques mois, les produits naturels n'étaient l'apanage que de quelques boutiques spécialisées…
Des consommateurs avertis
La forte poussée des cosmétiques bio n'est pas anodine. De nombreuses campagnes dénoncent depuis quelques années la dangerosité de certaines substances utilisées pour la fabrication de ces produits. Phthalates, triclosans, parabènes et autres substances chimiques ont été pointées du doigt par les associations de protection de l'environnement et des consommateurs.
Le guide Cosmetox de Greenpeace, la campagne Detox de WWF ou les nombreuses enquêtes-tests de 60 millions de consommateurs ont alertés le grand public sur les méfaits pour la santé de certaines substances. Dernière alerte en date : la mobilisation de scientifiques, médecins, chimistes, cancérologues partis en guerre contre des cosmétiques pour bébés distribués via des trousses de naissance offertes dans les maternités. Un véritable « cocktail toxique » dénoncé par les experts. Si l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a immédiatement réagi en rappelant la réglementation encadrant les produits cosmétiques, les associations demandent un durcissement de cette réglementation. Certains conservateurs, colorants ou filtres artificiels sont encore autorisés aujourd'hui alors que de forts soupçons pèsent sur leur nocivité. La réglementation européenne REACH, visant à transférer la responsabilité d'évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques à l'industrie, devrait permettre d'accroître la connaissance quant à ces substances et leurs propriétés. Entré en vigueur le 1er juin 2007, le règlement devrait à terme permettre de verdir l'industrie chimique.
En attendant, alerté par les nombreuses mises en garde des associations, le consommateur lit de plus en plus attentivement les étiquettes. Conservateurs et autres produits de synthèse sont désormais traqués par les clients les plus avertis. Résultat : la part de marché des cosmétiques naturels et bio grimpe en flèche. Mais le flou réglementaire entourant ce type de produits renseigne peu sur l'innocuité de ces nouveaux cosmétiques « verts ».
Labels : une garantie a minima
Comment s'y retrouver en effet dans cette jungle d'affirmations ventant la « vertitude » de ces nouveaux cosmétiques ?! En France, la réglementation du bio ne concerne que la fabrication des produits alimentaires. Dans la cosmétique, l'utilisation de la mention bio ou naturel ne fait pas forcément référence à l'agriculture biologique.
Pour aider le consommateur à y voir plus clair, un certain nombre de labels a vu le jour ces dernières années. Cosmebio, Nature et Progrès, BDIH… se posent comme une garantie pour le consommateur. Les produits labellisés par ces organismes doivent répondre à un cahier des charges strict définissant le pourcentage de produits d'origine naturelle, interdisant certains produits de synthèse…. Si le label Nature et Progrès compte parmi les plus exigeants, le pourcentage de produits d'origine naturelle varie d'un label à l'autre.
Par exemple, l'organisme de contrôle et de certification Ecocert délivre le label Cosmétique écologique et biologique. Pour l'obtenir, un produit doit, entre autres, contenir au moins 95 % de composants bio sur le total des matières premières végétales utilisées et 10 % minimum de bio sur la totalité du produit. On est donc encore très loin du 100 % bio ! Il est difficile en effet de présumer de la qualité écologique des autres ingrédients, ni même des méthodes de transformation utilisées. Le pourcentage réel de produits biologiques dans ces produits certifiés engage d'ailleurs de nombreux débats.
Critiquables et non moins critiqués, ces labels permettent néanmoins aujourd'hui de s'assurer sur l'achat d'un cosmétique le plus naturel possible, sans molécules suspectes (parfum, colorant, conservateur artificiels). Reste que le décryptage ardu de l'étiquette reste la meilleure des garanties. A vos loupes !