Or, les plantations forestières annuelles ont été divisées par 4 en 15 ans en France, passant de 110 millions à 28 millions (hors pin maritime). ''Ce qui ne permet ni de renouveler les surfaces exploitées annuellement en coupe rase, ni de faire face aux enjeux de l'industrie'' actuels, ont alerté les cinq organisations.
Vers un reboisement des forêts de résineux ?
Les professionnels pointent du doigt un déficit de plantations nouvelles dans l'Hexagone en particulier de résineux (principalement sapin, épicéa, Douglas), pourtant indispensables à la production de bois d'œuvre. Les essences résineuses sont en effet les plus utilisées dans la construction bois (plus de 60 %) que ce soit pour les charpentes, ossatures, menuiseries intérieures ou extérieures, revêtements de façade, de sol ou mur…Si l'utilisation du bois dans les constructions neuves doit être multiplié par dix d'ici à 2020, l'offre ne suivra donc pas la hausse de la demande menant ainsi des importations massives de résineux. 90% des bois utilisés pour la maison à ossature bois proviendraient d'Europe du Nord, selon Laurent Denormandie, Président de la Fédération Nationale de Bois (FNB).
Si la France produit en moyenne 7 millions de m3 de sciages de résineux par an, ''aujourd'hui, on importe pour 3 millions de m3'', a-t-il précisé alors que la France n'exploite que 60% de ses forêts…. ''L'industrie française manque déjà vraisemblablement de 4 à 5 millions de m3 de résineux. On ne les trouvera qu'en faisant des plantations'', a affirmé M. Denormandie. D'autant que les surfaces reboisées ont chuté en France depuis la fin des années 60 et sont passées de 70.000 ha à 15.000 ha par an ! De même que sur les les 525.000 ha ravagés par la tempête de 1999, ''seuls 150.000 ha ont depuis été reconstitués'', a ajouté Vincent Naudet, Président du Syndicat des Pépiniéristes Forestiers de France (SNPF).
La filière forêt-bois appelle ainsi les propriétaires forestiers à investir dans le reboisement des espaces résineux actuellement exploités pour ''répondre aux besoins du marché''. L'objectif est de mieux ajuster l'offre à la demande et de résorber la pénurie de ce type d'essence qui guette d'ici à 30 ans, ont prévenu les organisations. La filière puise actuellement dans les ressources plantées à l'époque du Fond forestier national (FFN) supprimé en 1997.
Une filière française plombée par des ''investissements insuffisants''
Les organisations dénoncent un budget encore insuffisant dédié à la filière forêt-bois (déficitaire de 5,7 milliards d'euros) où ''seulement 340 millions d'euros'' sont alloués par le Ministère de l'Agriculture. ''Ce désinvestissement dans son mode de gestion ne peut que contribuer à affaiblir encore plus sa productivité et accentuer son déficit commercial''. Et ce, en dépit du fonds d'investissement stratégique doté de 100 millions d'euros annoncé par le Président de la République ''pour faire émerger un tissu d'entreprises de taille compétitive''. Ce plan d'aide ne concerne essentiellement que la première et la deuxième transformation de la scierie lourde, ont-elles rappelé.
Les professionnels du secteur réclament la mise en place d'une ''véritable stratégie forestière'' en augmentant les investissements et en misant aussi sur la régénération artificielle. Ils appellent à intégrer la plantation, une méthode issue de variétés sélectionnées produites en vergers à graines. Ce qui permettra de ''renforcer le dynamisme de la filière bois, qui emploie plus de 300.000 personnes, sans mettre en péril la forêt française'', selon eux. Le recours à la seule régénération naturelle (à partir de graines d'arbres situés à proximité) ''ne suffira pas et reste incompatible avec les enjeux fixés'' par l'Etat, estiment-ils en jugeant cette méthode ''onéreuse et incertaine''. Les professionnels espèrent par ce biais revenir à taux de boisement équivalent à celui des années 70 soit 45.000 ha/an. Ils estiment également ''urgent'' de revenir à environ 110 millions de plants annuels (contre les 28 millions actuels) pour assurer la pérennité de la filière.
Afin d'inciter les propriétaires forestiers à investir dans leur patrimoine, les organisations préconisent en outre de transformer l'exonération fiscale en crédit d'impôt, de supprimer des taxes lors de l'achat de parcelles devant être boisées ou encore de dédier un fonds carbone à la reconstitution forestière.