Dans cette note, divulguée le 20 octobre par les quotidiens ''Ouest France'' et ''Télégramme'', le préfet évoque la nécessité d'un ''changement profond des pratiques agricoles'' pour aboutir à ''une diminution visible et notable'' des algues vertes. Il demande également au gouvernement ''d'afficher une politique volontariste pérenne'' visant ''à la stabilisation, voire à la limitation raisonnée'' des algues vertes, phénomène qui, selon lui, ''ne peut que perdurer'' faute de ''révolution'' des pratiques agricoles et d'un ''changement complet du modèle économique existant'' dans les bassins versants concernés. Or, souligne-t-il, ''cette évolution n'est pas envisageable'', la profession agricole n'étant ''pas prête à (l') accepter pour le moment''.
Rappelons que le développement des algues vertes est accentué par la présence d'éléments azotés (nitrates) dans les eaux due aux activités agricoles de la région Bretagne. Le surplus d'éléments apportés aux cultures via les épandages d'effluents agricoles est lessivé et se retrouve dans les cours d'eau. Outre des nuisances olfactives et des coûts de ramassage pour la collectivité, ces algues, échouées sur les plages où elles se décomposent, sont à l'origine d'émanations de gaz et notamment d'hydrogène sulfuré (H2S), un gaz toxique et mortel à forte dose.
Les associations et les agriculteurs réagissent
Au lendemain de la révélation de la note du préfet des Côtes d'Armor estimant que le phénomène ''ne peut que perdurer'', les associations environnementales France Nature Environnement et Bretagne écologie, ont appelé le 21 octobre à une action du gouvernement pour lutter contre les algues vertes. ''Puisqu'il s'agit d'un problème de santé publique, l'Etat se doit effectivement d'instaurer un dispositif adapté au risque identifié'', a souligné Bretagne Ecologie dans un communiqué. De son côté, si FNE considère également ''que seule une révolution des pratiques agricoles permettra d'endiguer le phénomène'', la fédération souligne dans un communiqué qu'elle ''ne se contentera pas d'un aveu d'impuissance''. Au-delà de la stigmatisation d'une profession en particulier, c'est bien l'ensemble du modèle économique et social qu'il faudra revoir en profondeur pour réussir à réduire d'au moins 40% les effluents arrivant à la mer d'ici 2012, engagement pris par l'ensemble des parties prenantes, y compris les organisations professionnelles agricoles, lors du Grenelle de la Mer'', a indiqué FNE.
La publication de la note a également provoqué la colère chez les agriculteurs bretons. ''Si l'Etat écrit de telles choses, qu'il vienne sur le terrain dire aux agriculteurs de partir!'', a déclaré à l'AFP Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture de Bretagne. ''On a enrichi la Bretagne et se faire salir de cette manière, c'est inadmissible'', a-t-il poursuivi. Olivier Allain, président de la FDSEA des Côtes d'Armor a de son côté dénoncé des ''propos irresponsables''.
Cette note intervient alors qu'une mission interministérielle, décidée par le Premier ministre cet été, sur la prolifération des algues vertes procède actuellement à des auditions en Bretagne et devra rendre ses conclusions en décembre à François Fillon.