Déjà redoutée l'an dernier, la décision d'un non-lieu semble désormais inéluctable dans l'affaire du chlordécone aux Antilles françaises. Le 25 mars, les deux juges d'instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris ont prononcé un avis de fin d'information, c'est-à-dire la fin des investigations sans mise en examen, selon l'AFP. Cet avis ne constitue pas une décision finale et ouvre la possibilité aux plaignants de demander, par exemple, de dernières observations. Passé un délai de deux mois, le parquet de Paris sera réquisitionné afin d'exprimer un jugement définitif.
« Pour nous, ce n'est pas terminé », a affirmé Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, et l'un des avocats historiques des victimes du chlordécone aux Antilles, le 6 avril, sur France Info. Il assure être prêt à mener l'affaire en appel, voire devant la Cour de cassation, si une ordonnance de non-lieu est finalement délivrée. « L'empoisonnement massif que le chlordécone provoque dans nos sols, dans nos corps et dans nos os, est une infraction continue. » Revenant sur les aides octroyées au cours de la présidence d'Emmanuel Macron, notamment dans le cadre du plan Chlordécone IV, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, dit souhaiter « que les parties civiles puissent user de toutes les voies de recours et d'appel dans la procédure judiciaire en cours ».
Pour rappel, cette affaire a débuté en 2006 par des plaintes déposées par des associations martiniquaises et guadeloupéennes contre plusieurs anciens ministres de la Santé et de l'Agriculture pour empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible. Le poison visé, le chlordécone, est un insecticide précédemment employé dans les bananeraies antillaises pour lutter contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus). Considéré comme cancérogène probable et perturbateur endocrinien, il a été interdit à la vente en France, en 1990, mais a continué d'être utilisé en Martinique et en Guadeloupe, par dérogation, jusqu'en 1993.