Pour atteindre les objectifs de chaleur renouvelable fixés par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), « le développement de la géothermie comme technologie d'avenir ne doit pas être entravé », exhortent l'Agence de la transition écologique (Ademe), le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et la Fédération des services énergie environnement (Fedene), dans un communiqué commun publié le 18 décembre. Les deux syndicats professionnels aux côtés de l'Ademe, structure publique, prennent position, après que la préfecture du Bas-Rhin ait annoncé, le 7 décembre dernier, l'arrêt définitif du projet de géothermie profonde de Fonroche près de Strasbourg (Alsace). L'opération de forage a été interrompue, après une série de séismes survenus le 4 décembre à Strasbourg et aux alentours.
Pour Jean-Louis Bal, président du SER : « L'évènement sismique intervenu en Alsace doit être rigoureusement analysé pour en tirer les enseignements. Mais il est aussi essentiel de comprendre qu'il concerne une filière totalement distincte des opérations de géothermie de surface, et de géothermie profonde sur des nappes aquifères situées dans des couches géologiques sédimentaires, qui alimentent en chaleur et en froid des milliers d'habitants sur une grande partie du territoire, depuis des décennies ».
Fabrice Boissier, directeur général délégué de l'Ademe, précise que plus de 70 opérations de géothermie profonde en France chauffent depuis plus de 50 ans plus d'un million d'habitants, essentiellement en Région parisienne et en Aquitaine. Ces opérations, exploitées dans les bassins sédimentaires, valorisent ainsi 1,8 terrawattheure (TWh) par an d'énergie renouvelable. Soit l'équivalent de la consommation de chauffage annuelle de 180 000 logements. « Le développement de la filière géothermique garde donc toute sa place pour l'atteinte des objectifs de chaleur renouvelable fixés par la PPE », affirme M. Boissier.
De son côté, Aurélie Lehericy, présidente du SNCU, syndicat des opérateurs de réseaux de chaleur et de froid (membre de la Fedene), rappelle « que la grande majorité des projets de géothermie profonde est réalisée dans les bassins sédimentaires et n'a jamais présenté de risque de sismicité induite ». Ces projets sont exploités à des profondeurs allant jusqu'à 2 500 mètres.
La PPE fixe à la filière un objectif ambitieux à atteindre d'ici 2028 : + 3,6 TWh de chaleur issue de la géothermie profonde. « Les projets géothermiques en cours sur le territoire sont sûrs et doivent être poursuivis et encouragés », estiment l'Ademe, le SER et la Fedene.