Le Président du syndicat agricole majoritaire (la FNSEA) et du Conseil de l'Agriculture Française (CAF), Jean-Michel Lemétayer, l'avait sollicitée pour ''demander au gouvernement quelles étaient ses orientations en matière de politique agricole après l'accord sur la réforme de la politique agricole commune (PAC) et avant les négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) prévues en septembre''.
L'ordre du jour de cette conférence, présidée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et à laquelle participeront le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, et des représentants du CAF, a été donc quelque peu bouleversé par la crise que traverse l'agriculture depuis le début de l'été.
Avec le gel de cet hiver, la sécheresse et la canicule qui sévissent, la discussion s'est concentré sur les moyens que compte prendre le gouvernement pour soutenir ''un secteur économique totalement sinistré et l'aider à passer le cap'', a poursuivi M. Lemétayer, assurant que ''tous les agriculteurs attendent un signe fort de l'Etat''.
''L'Etat a toujours été là en cas de problème et sera encore là'', affirmait-on début août au cabinet de M. Gaymard.
Alors que l'on ne mesure pas encore toutes les conséquences de la sécheresse, ''nous allons demander que le Fonds national de calamités agricoles fonctionne à son maximum et que le budget qui ne sera pas suffisant puisse être abondé par l'Etat à hauteur des besoins'', a déclaré, avant la conférence, M. Lemétayer. Des aides pour les agriculteurs en difficultés, ainsi qu'une ''année blanche'' pour les charges financières et sociales des agriculteurs victimes de la sécheresse seront également réclamées.
Pour Jean-Michel Lemétayer, les pertes s'établissent à 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ''les pertes pures étant impossibles à évaluer''.
Pour le ministre de l'Agriculture, elles se situent entre 1 et 4 milliards, ''sans être en mesure de donner un chiffres précis''.
À la fin de cette Conférence, Hervé Gaymard a annoncé un plan d'aide aux agriculteurs victimes de la sécheresse d'un montant total d'''environ 500 millions d'euros'', dont l'attribution de 180 millions d'euros supplémentaires au Fonds national de garantie des calamités agricoles. Ce plan d'aide répond à plusieurs attentes émises par le syndicat majoritaire, la FNSEA. Il prévoit une aide de 24 millions d'euros pour le transport du fourrage ainsi que la mise à disposition de l'armée pour acheminer la paille dans les départements sinistrés.
Il comprend également des prêts à taux très réduits ou même à taux zéro pour les agriculteurs les plus endettés, ainsi qu'une enveloppe de 20 millions d'euros pour les cas de grandes difficultés. Enfin sur le plan fiscal, le gouvernement a annoncé pour les agriculteurs en difficultés des exonérations de la taxe sur le foncier non-bâti, des différés du paiement des impôts 2003 voire des remise gracieuses dans certains cas.
Le président de la FNSEA a estimé que ces mesures ''vont dans le bon sens'' même si nous n'avons pas obtenu l'année blanche que nous réclamions, c'est à dire le report de l'ensemble des charges financières et sociales''. Le CNJA (organe des jeunes agriculteurs de la FNSEA) avait en outre demandé une aide directe de 10 000 euros pour les agriculteurs les plus en difficulté. Hervé Gaymard a reconnu qu'il n'était pas certain que cette requête soit ''techniquement possible, en raison des contraintes bruxelloises''.
Cette réunion avec le CAF, constitué par la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, ainsi que l'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture (APCA) et la CNMCCA (Confédération Nationale de la Mutualité, de la Coopération et du Crédit Agricole) suscite déjà le vif mécontentement des autres organisations agricoles qui n'y ont pas été conviées.
''Nous sommes très surpris, abasourdis de cette décision de réunir (uniquement) le CAF'', a déclaré Nicolas Duntze, porte-parole de la Confédération Paysanne qui déplore ''le retour au syndicat unique''. ''Dès le début, nous avons demandé l'instauration de vraies cellules de crise sous tutelle administrative'', a-t-il insisté. M. Duntze préconise l'instauration temporaire d'un Revenu minimum agricole (RMA) ''qui pourrait être géré collectivement'', ainsi qu'une participation des firmes agroalimentaires ''à l'effort de solidarité''.
Non conviée à la Conférence agricole, la Confédération paysanne s'adresse à Jean-Pierre Raffarin dans une lettre
La Confédération paysanne profite de cette lettre pour ''présenter ses revendications et propositions qu'elle juge indispensables pour éviter l'élimination très prochaine de plusieurs dizaines de milliers de paysans''.
La conférence agricole a été instituée en 1974 alors que Jacques Chirac était Premier ministre. La dernière, présidée par Alain Juppé, a eu lieu en février 1996.