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Actu-Environnement

La société forestière réfléchit à une rémunération du stockage du CO2 dans les produits à base de bois

Même si le protocole de Kyoto a reconnu la contribution des forêts dans la réduction des gaz à effet de serre, le marché d'échange des quotas de CO2 ne les a pas encore intégrées. En prévision de 2012, la société forestière travaille sur le sujet.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
Alors que les forêts subissent déjà les conséquences de la modification du climat de la planète, le bois qu'elles produisent piège et stocke le dioxyde de carbone, jouant ainsi un rôle essentiel dans l'atténuation du changement climatique. D'après les études de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), les forêts et les sols forestiers mondiaux stockent plus de mille milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que le volume présent dans l'atmosphère. On estime que la production d'un m3 de bois correspond au stockage d'une tonne de CO2.
Si le protocole de Kyoto a reconnu cette contribution des forêts pour le stockage du CO2, son marché des crédits et quotas de CO2 ne l'intègre pas. Pour les forêts françaises qui produisent selon les essences entre 2 et 30M3/ha/an, ce marché ouvrait des perspectives intéressantes sachant que la tonne de CO2 se négocie entre 8 et 30 euros la tonne et que l'Inventaire National des Emissions de gaz à effet de serre de France estime la capacité de séquestration des forêts françaises à environ 40 millions de tonnes de CO2 par an.

Pour l'instant la rétribution immédiate des forestiers pour leur action de séquestration du CO2 n'est pas possible. En effet, cette éventualité rencontre une forte opposition en particulier des ONG qui considèrent notamment que la permanence de la séquestration en forêt ne peut pas être garantie. Les ONG souhaitent privilégier la réduction effective des émissions et non leur simple annulation. Par ailleurs, l'allocation forestière de la France au titre du protocole de Kyoto est limitée à 3,2 Mt de CO2 de 2008 à 2012 soit 12 fois moins que la séquestration réelle pour des raisons liées au déroulement des négociations en 1997. L'Etat n'a pas encore pris de décision quant à la redistribution éventuelle de ces 3,2 Mt.

Ainsi en attendant cette éventuelle redistribution d'ici 2012 les forestiers espèrent une meilleure prise en compte de leur contribution pour l'après 2012. À cet égard, pour se préparer dès à présent à l'enjeu, la société forestière de la caisse des dépôts* et l'Association des sociétés et groupements fonciers et forestiers (ASFFOR) réfléchissent à la mise en place d'une rémunération des producteurs de bois. Deux options apparaissent envisageables : une rémunération sur la séquestration de CO2 ou une rémunération sur le stockage de CO2.
La première option présente des faiblesses sérieuses puisqu'elle attribuerait des quotas par rapport aux quantités de bois stockées sur pied et accumulées en forêts. Elle pénalise de ce fait la coupe de bois en la considérant comme une émission de carbone. Or la forêt française souffre déjà d'une sous-exploitation avec 60 millions de m3 exploités par an pour 90 millions produits biologiquement. De plus, ses possibilités d'extension sont très limitées.
La deuxième option qui propose une rémunération en fonction du stockage de CO2 dans les produits finis semble plus faisable. Dans ce cas, on considère qu'une coupe de bois dans une forêt gérée durablement est nécessairement suivie d'un reboisement comme le code forestier l'y oblige, donc que l'effet de la coupe et de la croissance correspond à un bilan nul. En revanche, peut être pris en compte le stockage du CO2 dans les produits finis à base de bois, qui économise les émissions nécessaires pour produire les matériaux auxquels le bois se substitue. Cela vaut principalement pour le bois matériaux et le bois-énergie. Le principe est alors qu'un m3 de bois issu d'une forêt gérée durablement équivaut à un certain nombre de tonnes d'équivalent CO2 dépendant de la durée de stockage du bois sous forme de produits finis. L'attribution de crédits de carbone serait gérée à un niveau national ou régional, par des opérateurs financiers ad hoc, avec vente sur le marché des crédits et rémunération directe du producteur de bois.

Un tel mécanisme est soutenu par une partie des organisations forestières françaises car il présente selon eux trois avantages. Il encouragerait la « décarbonisation » de l'économie en favorisant la substitution de produits à fort contenu en CO2 (plastique par exemple) par du bois. Il favoriserait les forêts gérées durablement et écocertifiées. Enfin, il privilégierait la mobilisation du bois plutôt que la séquestration passive, avec les implications que l'on connaît sur l'activité rurale et l'emploi.

Dans l'optique des négociations pour l'après 2012, des opérations pilotes vont être organisées afin de tester et quantifier les mécanismes proposés.



*Créée en 1966, la société Forestière de la caisse des dépôts est une des sociétés de gestion des forets et d'espaces naturels. Elle gère plus de 1.000 forêts de feuillus ou résineux pour le compte de grands groupes institutionnels (banques, assurances) mais aussi de groupements forestiers et de propriétaires privés.

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