Cette relance des ventes d'appareils à bois se fonde sur l'existence de deux types de clientèle : celle pour qui le critère économique reste prédominant et qui, avec la hausse constante du prix des énergies fossiles, adopte le chauffage au bois en appoint d'une autre source d'énergie ; et celle pour qui le bois énergie symbolise de plus en plus la qualité de vie.
L'aspect économique est l'argument le plus convaincant dans le contexte actuel. Avec l'évolution du prix du baril, l'utilisation du bois est devenue intéressante pour assurer une partie du chauffage d'une maison, en particulier quand l'énergie principale est le fioul ou l'électricité. Selon le ministère de l'industrie, les prix du kWh en mars 2006 atteignait 10,57 ct€ pour l'électricité, 6,628 ct€ en moyenne pour le fioul, 4,04 ct€ pour le gaz naturel et 3,23 ct€ pour la bûche.
À ce premier avantage s'ajoute le fait que le bois constitue une énergie renouvelable. Sur l'ensemble de son cycle de vie le bois entraine moins d'émission de CO2 que les énergies fossiles classiques. Selon une étude de l'ADEME, l'utilisation de bois en bûches par exemple entraîne l'émission de 40 g de CO2 par kwh restitué alors que l'utilisation du fioul émet 466g de CO2/kwh.
Si du côté de l'effet de serre ou du porte-monnaie les avantages sont non négligeables, la combustion du bois peut être à l'origine d'une pollution atmosphérique sévère tout particulièrement avec les cheminées classiques, dites cheminées ouvertes, mais aussi avec les poêles, inserts et foyers fermés antérieurs à 2000 qui ne présentait pas à l'époque un rendement suffisant pour éviter certaines émanations. Le bois reste une source d'énergie brute, composée d'éléments complexes non raffinés (présence d'éléments divers sous forme de traces : métaux, chlore…) et sa combustion est à l'origine de polluants atmosphériques tels que les composés organiques volatils et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Un niveau élevé d'émissions polluantes est donc le signe d'une combustion mal maîtrisée liée à l'utilisation de bois impropre à la combustion (humide, sale) et/ou d'un appareil peu performant ou vétuste.
C'est pourquoi, l'ADEME s'attache désormais à accélérer la modernisation du parc vers des appareils à haut rendement énergétique et améliorer ainsi de 10 % l'efficacité énergétique et environnementale des installations. Le rendement actuel du parc reste faible (entre 40 et 50%) malgré des appareils à haut rendement disponibles sur le marché. Afin d'orienter les actes d'achats vers des matériels performants, des labels qualité ont vu le jour aussi bien pour les équipements (label Flamme verte) que pour le combustible (certification NF Bois de chauffage) ou l'installation (Qualibois) .
Le label Flamme verte est attribué à des appareils qui ont un rendement supérieur ou égal à 65 %, mais aussi des émissions de gaz à effet de serre et de monoxyde de carbone (CO) inférieures ou égales à 0,8 %. Les performances des appareils Flamme verte vont évoluer vers des normes européennes plus strictes. Ainsi, dès 2007, le rendement énergétique minimum sera de 70% et en 2009, les taux de CO seront inférieurs à 0,3%. Le label qualité « Flamme verte » représente déjà 80 % des ventes d'appareils de chauffage au bois.
La qualité du combustible est tout aussi importante que celle de l'appareil. Un bois humide par exemple réduit le rendement énergétique de l'installation de celui-ci en augmentant par conséquent la consommation et les émissions polluantes. Actuellement, 60% du bois de chauffage consommé en France correspond à une autoconsommation ou provient d'un approvisionnement en dehors des circuits commerciaux. Dans ce contexte, le particulier achète souvent le stère le moins cher sans être informé ni de la quantité d'énergie réellement disponible ni des bonnes conditions d'emploi. La marque « NF Bois de chauffage » a donc pour objectif de garantir la qualité du produit commandé en termes de respect des quantités livrées, des essences (chêne, hêtre, charme,...) proposées, de l'humidité du bois et en termes d'information. La Marque « NF bois de chauffage » dispose d'au moins un point de vente dans 75% des départements français et fin 2005, une quinzaine de professionnels du bois de chauffage était certifiée « NF bois de chauffage ».
Concernant les installateurs, la marque «Qualibois», doit permettre aux professionnels de mieux guider les consommateurs dans le choix de leurs équipements, à l'instar de la marque «Qualisol» relative aux installations fonctionnant à l'énergie solaire. Sa gestion est assurée par l'association Qualit'EnR fondée début 2006 et qui regroupe la CAPEB (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), ENERPLAN (Association professionnelle de l'énergie solaire), l'UCF (Union climatique de France), l'UNCP (Union nationale couverture plomberie) et le SER (Syndicat des énergies renouvelables).
Sur le plan financier, depuis début 2005, le crédit d'impôt dédié aux économies d'énergie est valable pour les ménages faisant l'acquisition d'un équipement de chauffage utilisant une source d'énergie renouvelable (chauffage au bois, solaire thermique, …) ou des pompes à chaleur. Fixé à 50% en 2006, il ne s'applique qu'aux équipements et non aux frais d'installations.
De plus, la filière bois-énergie a bénéficié dernièrement d'un coup de pouce réglementaire. L'arrêté du 31 octobre 2005 a rendu obligatoire la mise en place de conduits d'évacuation de fumées lors de la construction d'une maison chauffée à l'électricité. Cette mesure rend systématiquement possible le raccordement d'un appareil à bois dans toutes les maisons qui feront l'objet d'une demande de permis à compter du 1er septembre 2006.
Actuellement, le chauffage au bois est surtout présent en maison individuelle (97%). On constate qu'il est très utilisé dans les zones périurbaines mais qu'il est loin d'être complètement délaissé en ville. D'après l'enquête logement de l'INSEE réalisée en 2001, les consommations de bois de chauffage pour les appareils utilisés dans l'année représentent : 10,2 stères/an/logement en milieu rural, 7,6 stères/an/logement en milieu périurbain et 5,1 stères/an/logement en milieu urbain. Cependant il est important de rappeler que l'utilisation d'une installation de combustion au bois fait l'objet d'exigences réglementaires dans le cadre des Plans de Protection de l'Atmosphère qui concerne les agglomérations de plus de 250 000 habitants. En région Ile-de-France par exemple, le PPA précise qu'en application de l'arrêté actuellement en vigueur, la combustion du bois est interdite à Paris, sauf dans les installations d'incinération de résidus urbains et de déchets industriels spéciaux réglementées au titre de la législation sur les installations classées. La combustion du bois commercialement sec est toutefois autorisée à condition qu'elle ne provoque pas de nuisance dans le voisinage, dans les trois cas suivants :
- installations de combustion d'une puissance inférieure ou égale à 100 kW utilisées dans l'artisanat, lorsque cette combustion est liée au respect de certaines qualités de production ;
- poêles et cheminées à foyer fermé d'un rendement thermique supérieur à 65 %, utilisés en chauffage d'appoint ;
- cheminées à foyer ouvert uniquement utilisées en appoint ou à des fins d'agrément.
Il ne s'agit pas pour le PPA de freiner le développement du bois comme source d'énergie renouvelable, mais de faire en sorte que le bois soit brûlé dans des équipements limitant au maximum les émissions polluantes.