Depuis 1946, la Food and Agriculture Organization (FAO) coordonne les évaluations des ressources forestières mondiales qui ont lieu tous les cinq à dix ans. Cette évaluation concerne tous les types de forêts : des forêts boréales et tempérées aux terres boisées des zones arides en passant par les forêts pluviales tropicales, les forêts primaires et les forêts aménagées. Pour étudier la gestion de ces forêts, la FAO se base sur plusieurs critères tels que l'étendue des ressources, la santé des forêts ou encore la diversité biologique.
L'évaluation des ressources forestières mondiales 2005 (FRA 2005) vient d'être publiée. Elle révèle que les pertes nettes de superficies boisées enregistrées entre 2000 et 2005 se sont élevées à 7,3 millions d'hectares/an, soit une superficie équivalant à la Sierra Leone ou à Panama. Ce chiffre est en recul par rapport aux 8,9 millions ha par an estimés entre 1990 et 2000. Mais ces résultats montrent qu'en dépit d'importants progrès accomplis, les ressources forestières disparaissent ou se dégradent malheureusement à un rythme alarmant, a déclaré Monsieur Hosny El-Lakany, sous-directeur général de la FAO.
Le rapport précise que l'Amérique du Sud a connu la plus grande perte nette de forêts entre 2000 et 2005 (4,3 millions ha/an) suivie de l'Afrique (4 millions ha/an). L'Océanie, l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale ont subi chacune une perte de quelque 350 000 ha, tandis que l'Asie est passée d'une perte d'environ 800 000 ha par an dans les années 1990 à un gain d'un million d'ha par an entre 2000 et 2005, essentiellement dû à un vaste programme de boisement en Chine. Les superficies boisées d'Europe ont, quant à elles, continué à s'étendre, bien qu'à un rythme plus lent que dans les années 1990. Au total le bilan 2000-2005 prenant en compte la surface déboisée et la surface replantée montre un déficit de 7,3 millions d'ha.
Les forêts primaires sont les plus touchées par la déforestation. Elles représentent 36% de la superficie forestière totale, mais disparaissent ou sont dégradées au rythme de 6 millions d'hectares par an. Ce déclin ne s'explique pas seulement par la déforestation, mais aussi par la modification des forêts suite aux coupes sélectives de certaines espèces et aux autres interventions humaines.
L'étude FRA 2005 a constaté en outre que les plantations de nouvelles forêts et de nouveaux arbres augmentent, même si elles ne représentent que 4% des superficies forestières. Ces nouvelles plantations sont d'une part destinées à la production de bois et de fibres (87 %) et d'autre part (13%) à la protection et à la conservation des sols et des eaux, à la lutte contre les avalanches et la désertification, à la stabilisation des dunes de sable et à la protection des zones de littoral.
Le rapport aborde également le rôle des forêts dans la fixation du carbone atmosphérique. Il rappelle notamment que les forêts du monde renferment 283 gigatonnes (Gt) de carbone uniquement dans leur biomasse. Mais pour l'ensemble de la planète, les réserves forestières ont globalement diminué de 1,1 Gt de carbone par an entre 1990 et 2005.
L'étude des zones forestières fait partie des nombreux indicateurs suivis dans le cadre des Objectifs du Millénaire engagés par les Etats Membres de Nations Unies. Monsieur Hosny El-Lakany a déclaré que cette évaluation nous permet de mesurer le rôle important des ressources forestières du globe dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier des buts fixés en vue de la réduction de la pauvreté et d'un environnement durable.
Cette étude s'est basée sur les informations fournies à la FAO par les gouvernements nationaux et les spécialistes d'évaluation des ressources. Plus de 800 personnes ont pris part à l'exercice, dont 172 équipes d'évaluation nationales, selon Mme Løyche Wilkie, coordonnatrice de l'initiative. Ce partenariat mondial s'est traduit par une amélioration des données, une procédure d'établissement de rapports plus transparente et une meilleure capacité analytique sur les forêts et les ressources forestières, a-t-elle affirmé.
Les résultats de FRA 2005 aideront à la prise de décisions pour les politiques, programmes et études prospectives en matière de foresterie et de développement durable à tous les niveaux - local, national et international, a ajouté Mme Wilkie.
La FAO collabore activement avec les pays pour identifier et pallier le manque d'information, en vue d'accroître constamment les connaissances en matière de forêts et foresterie. Une planification conjointe pour la prochaine évaluation mondiale (FRA 2010) démarrera en 2006. Elle sera basée sur une évaluation approfondie de FRA 2005.