C'est dans ce contexte qu'à à l'issue d'un appel d'offres lancé en 2004 pour la réalisation de 500 MW d'installations éoliennes offshore, le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, vient d' autoriser la production d'électricité pour le premier parc français d'éoliennes en mer au large des côtes de la Seine-Maritime.
Le projet retenu, sur les dix présentés, est situé à environ 7 km au large de Veulettes sur mer (Seine-Maritime) sur la Côte d'Albâtre pour une puissance de 105 MW, puissance qui représente près de 25% du parc français d'éoliennes déjà installées à terre, précise-t-il dans un communiqué.
Le parc sera composé de 21 éoliennes ancrées par 23 mètres de profondeur.
Les premiers MWh pourraient être produits en 2007 et seront rachetés à un tarif garanti de l'ordre de 100€/MWh, à comparer à un prix de l'électricité sur le marché du gros de 45€/MWh.
Cela devrait représenter une charge pour le service public de l'électricité de l'ordre de 17M€ par an, qui sera répartie sur la facture des consommateurs finaux d'électricité, a précisé François Loos.
Selon le ministère, le choix a été effectué en fonction de critères de prix, d'insertion dans l'environnement, d'éventuels conflits d'usage et de capacités techniques et financières des promoteurs.
En revanche, France Energie Eolienne (branche éolienne du SER) et le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) regrettant qu'un seul projet sur les 10 proposés n'ait été retenu, estiment dans un communiqué que ce résultat très modeste confirme l'échec du cahier des charges rédigé pour cet appel d'offres. Ils tiennent à préciser que la décision annoncée par le ministre est très décevante pour les entreprises candidates qui ont engagé des montants d'études très importants pour la réalisation de leurs dossiers.
Ils rappellent qu'ils avaient à plusieurs reprises alerté les pouvoirs publics sur les conditions très critiquables de cet appel d'offres et sur la procédure elle-même, définie par un décret du 4 décembre 2002, spécifique aux installations énergétiques, qui n'est pas adaptée à l'émergence de nouvelles technologies.
Le ministre a toutefois indiqué qu'il lancerait un nouvel appel d'offres qui devra faire une place plus importante à l'information du public et à la concertation soulignant qu'il espérait les prix qui seront offerts seront aussi plus bas car selon lui,les sondages montrent que si les Français sont prêts à payer un peu plus cher pour une électricité d'origine renouvelable, ils ne souhaitent tout de même pas la payer trop cher .
Le SER espère logiquement que cette nouvelle consultation sera conduite avec toute la diligence nécessaire car avec ce contretemps, la France risque encore d'accroître son retard par rapport aux pays qui se sont déjà engagés dans l'éolien en mer : Allemagne, Belgique, Danemark, Etats-Unis, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni … Dans les zones à tempètes où le plateau continental est peu profond comme par exemple au Danemark, les éoliennes offshore produisent de 12 à 15 % de la demande énergétique du pays. Le plan d'énergie danois, Energie 21, élaboré en 1996, a fixé comme objectif l'installation de 4000 MW offshore d'ici l'an 2030. On prévoit que ces 4000 MW de puissance éolienne fourniront quelque 13,5 TWh d'électricité par an ou l'équivalent d'environ 40 % de la consommation électrique danoise. Construit en 2002 et situé dans la mer du Nord, le parc offshore de Horns Rev est le plus grand parc éolien du Danemark. Avec ses 80 éoliennes de 2 MW et une puissance totale de 160 MW, la production d'électricité du parc est suffisante pour couvrir les besoins en électricité de 150.000 foyers danois.