400.000 Européens mourraient prématurément chaque année du seul fait de la pollution atmosphérique. Les maladies provoquées par la concentration actuelle de particules en suspension dans l'air entraînent plus de 100000 hospitalisations supplémentaires chaque année, indique la commission européenne.
De plus, selon certaines estimations, les particules en suspension dans l'air, communément appelées les poussières, provoqueraient plusieurs dizaines de milliers de décès prématurés en Allemagne, en Italie, en France et dans l'ensemble de l'Union Européenne. Ces particules fines dont le diamètre est inférieur ou égal à 10 millionièmes de mètre (les PM10 ou inférieures) s'inhalent facilement. Elles pénètrent profondément dans les poumons et sont à l'origine de graves troubles cardiaques et respiratoires.
De même, des niveaux élevés d'ozone troposphérique peuvent causer des décès prématurés chez les personnes sensibles. Il est nocif lorsqu'il peut être inhalé. Il irrite les voies respiratoires et s'attaque aux poumons, provoquant des accès de toux, des crises d'asthme et des infections pulmonaires bactériennes.
Sans parler du phénomène des pluies acides, phénomène de pollution atmosphérique qui nuit également à l'environnement. Les pluies acides s'attaquent aux matières organiques et à certains métaux et provoquent l'érosion des bâtiments. Il constitue une menace pour les cultures. Même si des efforts consentis pour réduire les pluies acides en Europe ont été payants ces dernières années, ce phénomène menace toujours 240 000 Km2 de forêts, souligne la commission.
Et l'économie dans tout cela : elle y perd aussi. Une étude de AEA Technology Environment, groupe de recherche britannique a montré qu'en moyenne, les Européens sont malades un demi-jour par an à cause de la pollution atmosphérique. La perte de productivité qui en résulte coûte des milliards d'euros à l'Union européenne.
C'est à la suite de ces conclusions très alarmantes que la Commission européenne présentera cet été une nouvelle stratégie globale destinée à améliorer la qualité de l'air en Europe. Le sixième programme d'action communautaire pour l'environnement, qui se poursuivra jusqu'en 2012, en appelle à la préparation d'une stratégie thématique qui fixera des objectifs en matière de qualité de l'air liés à l'environnement et la santé publique. Parmi les mesures envisagées par la Commission, il s'agit de réduire d'ici 2010 les émissions des polluants de 25 à 30 % par rapport à 2000. D'autres propositions se fondent sur des incitations fiscales. La Commission étudie également les valeurs limites qui pourraient être fixées dans une nouvelle norme européenne concernant les émissions des véhicules à moteur diesel.
Les toutes dernières recherches dépeignent un tableau inquiétant, mais prévoient également une amélioration de la qualité de l'air d'ici 2020 si l'on applique à la lettre les mesures communautaires en vigueur, notamment la limitation des émissions automobiles et industrielles et le contrôle de la pollution de l'air, indique la commission européenne.
Pour la commission, c'est aux autorités nationales, régionales et municipales qu'il incombe de veiller à faire respecter des valeurs limites de qualité de l'air.
Les autorités locales doivent respecter la réglementation européenne sur la qualité de l'air pour éviter le développement de zones critiques sur leur territoire. Certaines administrations ont d'ailleurs instauré des systèmes qui limitent la circulation en milieu urbain lorsque la qualité de l'air atteint des niveaux dangereux. Mais la Commission estime que ces systèmes constituent des moyens moins efficaces de lutte contre la pollution, dans la mesure où ils ne s'attaquent pas aux causes du problème et qu'ils ne visent pas à encourager les gens à modifier leurs comportements à long terme.
Elle prévoit, d'ailleurs, d'intenter une action à l'encontre des États membres qui ne garantiraient pas une certaine qualité de l'air à leurs citoyens.
En ce qui concerne l'actualité en France, on ne peut que déplorer qu'aucune action concrète ne soit envisagée… Avec la vague de chaleur actuelle, l'Ile-de-France a par exemple connu des pics de pollution, avec un dépassement du premier seuil d'alerte à l'ozone (180 microgrammes par m3) lundi à Paris, dans la zone rurale nord-est de l'Ile-de-France ainsi que dans plusieurs villes de l'Oise (Beauvais, Nogent-sur-Oise, Compiègne). Des pics de pollution ont également été enregistrés dans la région de Lyon et dans le sud de la France, entraînant des mesures de limitation de vitesse. Pourtant ce même jour, aucune limitation de vitesse n'était appliquée sur le périphérique parisien… C'est à croire que l'on attend que le phénomène de réaction photochimique ait pleinement débuté pour prendre des mesures de réduction des émissions devenues inutiles car trop tardives.