À Saint-Loubès, en Aquitaine, tout près de Bordeaux, l'entreprise Envie Aquitaine vient d'inaugurer une toute nouvelle usine de recyclage de panneaux solaires. Le réseau Envie compte 52 entreprises d'insertion en France par l'économie circulaire, avec pour mission la collecte et la valorisation des déchets ainsi que la rénovation et la réutilisation d'équipements électriques et électroniques. C'est donc assez naturellement que l'éco-organisme Soren (anciennement appelé PV-Cycle), chargé de la collecte et du traitement des panneaux solaires en fin de vie, et le réseau Envie se sont croisés.
Une entreprise d'insertion qui donne dans le hight tech
L'investissement dans plusieurs machines dernier cri est impressionnant. Les usines de traitement des panneaux solaires sont habituellement composées de broyeurs qui ne font pas dans la dentelle : une fois le boîtier de jonction et le cadre en aluminium retirés, le reste est broyé. Avec un tamisage et un passage dans un séparateur à courants de foucault, les métaux sont extraits. Ici, il s'agit d'une technique importée du Japon, plus fine : la délamination. Explication dans le reportage vidéo avec le directeur de l'usine, Frédéric Seguin.
L'enjeu du recyclage des panneaux solaires est crucial. Ils représentent le fer de lance des énergies renouvelables, le symbole de l'après-pétrole, de l'énergie propre, à condition que leur fin de vie ne soit pas polluante. L'autre intérêt du recyclage est de récupérer certains matériaux : cuivre, silicium, mais surtout l'argent, un métal indispensable pour la construction de panneaux solaires pour sa conductivité exceptionnelle. Un métal dont les cours sont très volatils et spéculatifs, avec une demande en croissance continue. Il est stratégique aussi pour le développement des batteries des voitures électriques.
Cap sur le réemploi des panneaux
L'autre volet que veut développer l'usine d'Envie Aquitaine : le réemploi. Selon l'entreprise, qui entend traiter 4 000 tonnes de panneaux solaires par an, 5 % d'entre eux peuvent encore fonctionner. Avec notamment tous les prochains chantiers de repowering des grandes centrales solaires au sol, il y a du potentiel. L'usine est équipée de machines, les mêmes que les fabricants de produits neufs, pour vérifier le bon fonctionnement des panneaux. Toutefois, il n'existe pas encore de norme spécifique pour les panneaux d'occasion. Mais c'est en cours de réflexion. Déjà l'entreprise veut les garantir cinq ans et vendre environ 0,22 euros le watt crête restitué, en gros, un panneau à 50 euros. Une aubaine, d'autant que, selon le directeur de l'usine, la demande est là.
Cette nouvelle usine est la troisième en France à recycler des panneaux solaires et le maillage de la collecte s'étoffe avec 230 points d'apport volontaire. Selon Nicolas Defrenne, directeur général de Soren, « le volume traité en 2021 était de 5 000 tonnes et devrait être multiplié par 10 en 2030 ».